Dans cet article nous vous proposons de découvrir ce petit musée de Turckheim, que nous avons visité le dimanche 2 juin 2013. Il est installé dans une ancienne demeure d’un conseiller du Conseil Souverain d’Alsace, une juridiction judiciaire alsacienne instituée en 1657 par Louis XIV, après le rattachement de l’Alsace à la couronne de France. Elle servait de chambre d’enregistrement des édits royaux et de tribunal suprême pour la province. Le Conseil Souverain siégea d’abord à Ensisheim, de 1661 à 1681, puis sur une île du Rhin, près de Breisach de 1681 à 1698. Après la restitution de cette ville au Saint-Empire, par le traité de Ryswick (1697), le Conseil Souverain s’installa à Colmar, tout près de Turckheim, jusqu’à sa disparition en 1790.
La bâtisse, achetée par la ville de Turckheim en 1846, a servi de presbytère jusqu’en 1972. Elle abrite aujourd’hui des associations locales, les archives municipales et le Musée des Combats de la poche de Colmar.
La visite guidée du Musée s’est faite en deux groupes, en alternance avec la visite guidée de la ville de Turckheim.
Le premier groupe de visiteurs.
Le deuxième groupe attend son tour vers 11h00.
Le Musée comprend de nombreuses vitrines exposant des armes, des cartes, des documents militaires, des éléments d’uniformes, des objets divers, mais aussi de superbes mises en scènes avec des mannequins en tenue de combat. Toutes ces vitrines évoquent ces terribles mois de décembre 1944 à février 1945, qui ont opposé dans cette poche de Colmar les armées allemandes aux troupes françaises de la 1ère Armée du général de Lattre, venues du sud et aux troupes américaines venues de l’ouest.
Une vitrine avec des armes utilisées dans la Wehrmacht.
Un casque allemand et le ceinturon avec l’inscription « Gott mit uns » enserrant l’aigle allemand et la croix gammée.
Un jeu des 7 familles, sur les différents composantes de l’armée allemande.
La plaque de la Feldgendarmerie, suspendue à sa chaîne, portée autour du cou, d’où le nom de Kettenhunde, donné à ces unités de la police militaire allemande. L’inscription sur la plaque est fluorescente pour être plus visible lors des contrôles de nuit. On remarque aussi l’étui à masque à gaz.
Une lampe de poche DAIMON, en usage dans la Wehrmacht, avec ses verres de couleur rouge et verte.
Des cigarettes allemandes de la marque Lasso et le dictionnaire franco-allemand, en usage dans la Wehrmacht.
La carte de rationnement délivrée aux permissionnaires de la Wehrmacht, donnant droit pour une semaine à 1 400 g de pain, 350 g de viande, 62,5 g de lard, 2 oeufs, 35 g de margarine.
L’hélice d’un chasseur Thunderbolt, de l’US Air Force, abattu par la Flak (la défense anti-aérienne allemande), près de Carspach, le 8 septembre 1944.
L’offensive de la 1ère Armée française, lancée le 14 novembre pour entrer en Alsace par le sud.
Cette offensive française permet la libération de Rixheim, par le groupement Dewattre, dès le 20 novembre, jour où les troupes françaises commencent leur entrée à Mulhouse, avec le groupement Gardy, des groupes de combat du CC3 de la 1ère Division Blindée.
La joie des habitants des villages sundgauviens, libérés par ces soldats français.
L’entrée à Mulhouse d’un char de reconnaissance M5A1 Stuart de la 1ère DB, le 21 novembre 1944.
La proclamation du général De Lattre, annonçant la libération de l’Alsace, en date du 20 novembre 1944.
L’ordre du jour du général Leclerc, qui à la tête de la 2ème DB a libéré Strasbourg le 24 novembre 1944. Le titre rappelle le serment tenu par Leclerc en mars 1941 lors de la prise de l’oasis italienne de Koufra : « Nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera à nouveau sur Paris, Metz et Strasbourg ». Et c’est bien Leclerc qui libère Paris, Metz et Strasbourg.
La formation de la poche de Colmar, cette zone de résistance allemande, encerclée par les troupes françaises (la 2ème DB de Leclerc au nord, les troupes de la 1ère Armée française de De Lattre au sud et à l’ouest), épaulées par les unités américaines de la 7ème Armée US. Les tirets ( – – – – – ) indiquent le front au 5 décembre 1944 , et les pointillés(……….) indiquent le front au 28 décembre 1944.
Voici quelques éléments d’uniformes de ces troupes alliées, françaises et américaines, engagées dans cette bataille de la Poche de Colmar.
Le casque du 1 er RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains), un modèle français. Cette unité de la 4ème DMM (Division Marocaine de Montagne) a aussi participé aux terribles combats de la Hardt entre le 28 novembre et le 4 décembre 1944, évoqués par le monument du Pont du Bouc (voir notre article dédié à ce monument).
Le casque du 4ème RTT (Régiment de Tirailleurs Tunisiens), un casque français, modèle 26.
Un casque américain, équipant les soldats de la 1ère Armée française: on y voit l’emblème de la 9ème DIC (Division d’Infanterie Coloniale).
Un casque français modèle 35, porté par la Brigade Languedoc-Roussillon, ex maquis Bir-Hakeim.
Suite au débarquement de Provence, un certain nombre de maquisards se sont engagés dans la 1ère Armée française.
Un casque américain porté par un lieutenant de la 1ère Armée française, qui y a rajouté la Croix de Lorraine, l’emblème de la France Libre.
Un casque américain avec la Croix de la Lorraine et le V de la victoire, geste symbolique de Winston Churchill.
Documents de la Brigade Alsace-Lorraine, des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur, les Résistants) engagés dans la 1ère Armée française.
Les sandales aux semelles crantées portées par les goumiers marocains.
Un manuel du soldat et du marin chrétiens, d’inspiration vichyste, resté en usage dans la 1 ère Armée française, dans laquelle ont été versées les unités vichystes d’Afrique du Nord qui se sont ralliées aux Américains après leur débarquement de novembre 1942 sur les côtes marocaines et algériennes.
La ration K, en usage dans l’armée américaine et dans la 1ère Armée Française, équipée en matériel américain.
Un casque de GI de la 3ème DIUS (division d’infanterie américaine), avec l’emblème de la division.
Un casque de GI de la 36ème DIUS, avec l’emblème de la division.
Un casque d’un GI de la compagnie d’assaut « As de Pique » du 7ème Régiment d’Infanterie de la 3ème DIUS.
De nombreuses vitrines mettent en scène des soldats pris dans ces combats de la Poche de Colmar.
Des soldats américains dans les ruines de Benwihr.
Une mitrailleuse américaine Browning, M17 A1, tirant 500 à 600 cartouches par minute.
La plaque de la Hermann Goering Platz de Riquewihr, et un fusil semi automatique américain M1 d’une portée de 300 m.
Un soldat allemand avec un Panzerfaust, une arme antichar individuelle, d’une portée de 60 m.
Un soldat allemand avec un Panzerschreck, ( « La terreur du char »), un lance-roquette, manié par deux soldats, le tireur et le chargeur. Cet équivalent du bazooka américain, avait une portée de 220 m et utilisait des roquettes de calibre 88 mm.
Un soldat d’une unité SS en tenue de camouflage.
Des GI en tenue de camouflage sur terrain enneigé.
Le poste de commandement de campagne du général Henri de Vernejoul, commandant la 5ème DB de la 1ère Armée, engagée dans ces durs combats de la poche de Colmar. On y voit son meuble secrétaire et un opérateur radio.
Le lieutenant Paul Heinrich, dit Beaumont, du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes. Le 1er RCP fut la seule unité de parachutistes engagées dans les combats de la Poche de Colmar. Devant lui, une caisse de mines anti-chars.
La proclamation du 2 février 1945 du général De Lattre, lorsque Colmar fut enfin libéré.
Un container largable allemand contenant du carburant avec un système de minuterie pour l’ouverture automatique du parachute.
Une cuisine de campagne américaine.
le général De Lattre de Tassigny et sa proclamation du 9 février 1945 annonçant que les Allemands ont évacué leurs dernières positions et ont franchi le Rhin.
Le képi et la vareuse du général De Lattre, offerts au Musée.
La Une de l’Alsace du 10 février 1945 annonçant à ses lecteurs le repli des derniers Allemands des terres haut-rhinoises.
La visite s’acheva par la projection d’un petit film tourné en 1945 sur la libération de l’Alsace, présenté ici par Christian Burgert, le conservateur du Musée.
Le Musée Mémorial des combats de la Poche de Colmar est toujours prêt à vous accueillir pour des visites guidées et il est prêt à recevoir des dons d’objets, de documents de cette période troublée de notre histoire régionale.