Le séjour de nos amis lohnois du 2 au 6 octobre 2019

Après un premier séjour en 2015, nous avons accueilli pour la seconde fois le Heimatsverein de Lohne du 2 au 6 octobre, un séjour agrémenté de plusieurs visites que nous vous proposons de découvrir en images.

A leur arrivée mercredi soir vers 18 h 30, les 24 visiteurs allemands dont 75% venaient pour la première fois à Rixheim, furent accueillis à la Commanderie pour un verre de l’amitié offert par la Ville de Rixheim, suivi de leur installation à l’Als Hôtel à Ottmarsheim.

De gauche à droite : Romain Schneider, adjoint au maire de Rixheim, en charge du jumelage, Christian Thoma, président de la Société d’Histoire de Rixheim, Benoît Meyer, vice-président de la Société d’Histoire de Rixheim, Ludovic Haye, maire de Rixheim, Benno Draeger, président du Heimatsverein de Lohne (en Allemagne, le président d’une association porte le nom de Vorsitzender) et Franz-Josef Riesselmann vice-président du Heimatsverein.

L’ambiance fut bonne entre les membres du comité de la SHR et les hôtes de Lohne.

Jeudi 3 octobre : Rixheim – Ottmarsheim – Neuenburg

La matinée fut consacrée à la visite de l’Annexe, la nouvelle extension de la mairie, suivie d’une visite de la Commanderie et du Musée du Papier Peint et de l’église Saint-Léger.

Antoine Ehret, chef du cabinet parlementaire du député Olivier Becht, présenta aux Lohnois la permanence du député de la 5ème circonscription du Haut-Rhin, sans nul doute l’une des plus belles de France.

Alors qu’un groupe visita la Commanderie sous la conduite de Benoît Meyer, l’autre groupe visita le Musée du Papier Peint.

L’après-midi commença par la visite guidée de la belle église Saint-Pierre et Saint-Paul d’Ottmarsheim. Elle fut construite entre 1030 et 1040, sur décision de Rodolphe d’Altenbourg, un des fondateurs de la maison des Habsbourgs, qui implanta aussi une abbaye bénédictine, dissoute et détruite sous la Révolution. La belle église romane octogonale, construite en pierres calcaires provenant des carrières de Brunstatt, s’inspire de la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle et fut consacrée en 1049 par le pape alsacien Léon IX. Par la suite, on lui adjoignit deux chapelles latérales gothiques.

L’octogone au centre de l’église est surmonté d’une tribune.

Le guide expliqua en allemand les nombreuses fresques ornant les murs de l’église.

Le pape bénissant Rodolphe d’Altenbourg et son épouse

Le tétramorphe de la représentation symbolique des quatre évangélistes : Saint Luc, le taureau, Saint Marc, le lion, Saint Jean, l’aigle, Saint Matthieu, l’ange

A l’étage, le couronnement de Saint Pierre, entouré du tétramorphe

Une fresque du Jugement Dernier : de sa main droite levée, le Christ appelle les justes et de sa main gauche abaissée il envoie les mauvais en enfer.

Le très beau pavage du sol

Après l’église d’Ottmarsheim, le programme prévoyait la visite de la petite ville allemande de Neuenburg. Mais en ce 3 octobre, jour de fête nationale en Allemagne, la cité accueillait le Kartoffelmarkt et le bus eut du mal à stationner. Du coup, la visite fut écourtée et centrée sur son musée qui raconte l’histoire de cette ville fondée en 1175 par le comte Berthold IV de Zähringer. En 1219, l’empereur Frédéric II en fit une ville libre d’Empire et la ville prospéra au Moyen-Age, devenant un centre commercial important au bord du Rhin, peuplé de 4 000 habitants. En 1525, une terrible crue du Rhin emporta la moitié de la ville qui fut vite reconstruite. Dans les siècles suivants, les tribulations de l’histoire provoquèrent trois destructions occasionnées par les troupes françaises, suivies de la reconstruction de la ville. Elle fut anéantie à deux reprises sous le règne de Louis XIV, en 1675, lors de la guerre de Hollande, et en 1704 lors de la guerre de succession d’Espagne. Et les 10-11 juin 1940, l’artillerie française tira plus de 3000 obus sur la ville détruisant 61% des habitations.

Dans ce tableau de 1851, le peintre A.Rueb représente sa ville de Neuenburg vers 1300 d’après les descriptions médiévales. La ville entourée de remparts possédait de nombreux édifices religieux dont la cathédrale, un couvent franciscain, un Hôtel-Dieu.

Dans ce tableau de 1908, le peintre Otto Rümmele représente sa ville d’après les relevés de Mattheaus Merian en 1643. De la partie de la ville détruite par la crue de 1525 il ne reste que le choeur éventré de la cathédrale.

Les explications de la guide

L’ostensoir de l’ancienne cathédrale, daté de 1420

Ce tableau d’Otto Rümmele représente la cité de Neuenburg avant sa destruction par l’artillerie française en juin 1940.

Vendredi 4 octobre : Sélestat et l’abbaye d’Ebermunster.

La journée commença par la visite de Sélestat et en particulier de sa bibliothèque humaniste. Ce trésor de l’humanisme rhénan s’est constitué en plusieurs étapes, du XVe au XVIe siècle, à l’initiative du curé Jean de Westhuss, recteur de la paroisse Saint Georges de Sélestat. En 1452, il légua sa bibliothèque personnelle à la paroisse pour qu’elle serve aux élèves de l’école latine de Sélestat, un établissement de plus en plus renommé. A sa suite, des maîtres et des élèves de cette école firent don de leurs livres et le legs le plus important fut celui du grand humaniste Beatus Rhénanus (1485-1547). En 1841, la ville de Sélestat ouvrit une bibliothèque publique à l’Hôtel de Ville qui accueillit les précieux ouvrages de l’école latine. Sous le Reichsland, la bibliothèque fut transférée à la Halle aux Blés et on y aménagea un musée pour présenter les précieux ouvrages des XV-XVIè siècles, inauguré en 1889. En 1952, le bâtiment fut réaménagé pour mieux présenter les ouvrages. En 2013, la bibliothèque humaniste ferma ses portes pour une réorganisation complète, un projet architectural confié à Rudy Ricciotti, l’architecte du MUCEM de Marseille. Outre une extension du bâtiment pour accueillir les locaux administratifs et des lieux de convivialité, la salle d’exposition est entièrement réorganisée. Depuis sa réouverture en 2018, elle propose de nombreuses vitrines interactives qui présentent ces ouvrages remarquables, ainsi que l’histoire de l’écriture et les débuts de l’imprimerie.

L’ancienne entrée de la bibliothèque humaniste, installée ici en 1889 : sur la façade, l’inscription allemande Stadtbibliothek-Museum et les deux blasons de l’aigle impérial allemand et du lion de Sélestat, qui figure sur les armoiries de la ville. A l’arrière-plan, on reconnaît le clocher gothique de l’église paroissiale Saint Georges, à gauche, et à droite, le clocher roman de l’église Sainte Foy.

La nouvelle entrée de la bibliothèque avec l’extension en grès rose et espaces vitrés de Rudy Ricciotti

Derrière la vitrine blindée sont conservés les précieux ouvrages dont ceux de Beatus Rhenanus.

Le cahier de l’élève Beatus Rhenanus, alors âgé de 13 ans : au centre il a copié en latin le texte dicté par son professeur de l’Ecole latine de Sélestat et à côté et entre les lignes, le jeune Beat a noté les commentaires du professeur, souvent en latin, parfois en allemand.

En tant qu’écrivain, l’oeuvre majeure de Beatus Rhenanus est son histoire de l’ Allemagne.

La lettre d’anoblissement de Beatus Rhenanus octroyée le 18 août 1523 par l’Empereur Charles Quint

Les vitrines présentent l’évolution de l’écriture : de gauche à droite, un moine copiste, l’écriture onciale (avec des majuscules aux contours arrondis et sans espace entre les mots) utilisée du IV au VIIIème siècle, l’écriture caroline imposée par Charlemagne et utilisée du IX au XIIème siècle (que des lettres minuscules permettant une copie plus rapide).

A gauche, l’écriture gothique qui s’imposa à la fin du XIIème siècle (des lettres aux formes anguleuses et brisées inspirées de l’architecture gothique) et à droite, l’écriture gothique cursive qui se développa au XIIIème siècle et permit d’écrire plus vite.

A gauche, un incunable, un livre imprimé avant 1501, qui se présente comme les manuscrits ( à droite) : les caractères mobiles en plomb reprennent les formes de l’écriture gothique et la mise ne page est pareille (sur deux colonnes, sans titre de page, rajout des éléments de couleur à la main).

« L’ âme aimante » d’Otto von Passau, un manuscrit copié en 1430 en allemand en écriture gothique cursive.

Le buste du grand imprimeur strasbourgeois Jean Mentel (1410-1478) né à Sélestat

Travail pratique : écrire son prénom en écriture gothique

Après la bibliothèque humaniste, la visite se poursuivit dans les rues de Sélestat.

La résidence des abbés d’Ebermunster

Une belle maison à oriel dans la rue des Chevaliers

Sur l’oriel, les médaillons de Beatus Rhenanus (à gauche) et de son ami Ersame, le grand humaniste hollandais (à droite)

La maison Billex avec son oriel, maison dans laquelle séjourna Louis XIV en 1681.

La maquette de l’église Sainte Foy construite au XIIème siècle, avec sa tour lanterne : cette église était rattachée à l’abbaye bénédictine Sainte Foy de Conques jusqu’au XVème siècle. L’église fut restaurée entre 1889 et 1893 par l’architecte Charles Winckler.

L’église gothique Saint Georges des XIII-XIVème siècles

Après le déjeuner pris à l’Auberge Fritsch de Kogenheim, l’après-midi fut consacrée à la visite du joyau baroque alsacien que constitue l’église abbatiale d’Ebermunster. Une abbaye bénédictine fut fondée dès le VIIème siècle, à l’initiative du duc Ettichon, duc d’Alsace et père de Sainte Odile. Son premier abbé était un moine d’origine irlandaise Saint Déodat. En 870, le monastère fut déclaré abbaye de droit impérial. L’abbatiale romane du XIIème siècle placée sous la protection de Saint Maurice fut détruite en 1632, lors de la guerre de Trente Ans, par les Suédois. L’église actuelle fut construite entre 1720 et 1726 par l’architecte autrichien Peter Thumb (1681-1767), maître du baroque à qui l’on doit aussi l’église Sankt Trudpert en Forêt Noire. Ebermunster est la seule réalisation baroque en Alsace, avec une décoration intérieure exubérante.

La façade est dominée par des ces deux clochers à bulbe recouvert de tuiles vernissées vertes. Carrées à la base puis octogonales, ces tours mesurent 48 mètres de haut et elles sont reliées par un fronton baroque dans lequel se trouve la statue de Saint Maurice, le patron de l’église.

A l’arrière de l’église se trouve une troisième tour, plus ancienne, dite tour des païens.

La richesse de la décoration baroque

Cette richesse fut expliquée en détail en allemand par le guide.

La première fresque du plafond représente le martyre de Saint Maurice, officier de la légion thébaine : tous les chrétiens de cette légion, dont Saint Maurice, auraient été décapités en l’an 302 dans le Valais suisse sur ordre de l’empereur Maximien.

La seconde fresque représente un épisode de la vie de Saint Benoît : la rencontre entre Totila, roi des Ostrogoths de 541 à 552, et Benoît de Nursie, une entrevue qui eut lieu au monastère bénédictin du Mont Cassin, dont Benoît était l’abbé, et visible à l’arrière-plan.

La troisième fresque représente la glorification de Saint Benoît : dans les médaillons des figures marquantes de l’ordre bénédictin.

A la croisée du transept, l’Assomption de la Vierge

La chaire est soutenue par Samson et le long du mur, on peut remarquer les confessionnaux baroques.

Vue sur le choeur avec son monumental autel baroque et peintes sur la voûte, les trois vertus théologales, l’agneau pascal et la Trinité

Les trois vertus théologales : la foi avec la croix, l’espérance avec l’ancre et la charité, avec cette femme donnant la tétée à ses enfants.

La Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit représenté sous forme de colombe

Le maître-autel baroque daté de 1728 est couvert d’un baldaquin surmonté d’une couronne : le tableau représente la glorification de Saint Maurice.

Une profusion d’anges dans la couronne du baldaquin de l’autel

Les stalles du choeur sculptées au XVIIIème siècle par Mathieu Wurtzer

Saint Benoît le fondateur de l’ordre des bénédictins

Saint Déodat, premier abbé de l’abbaye d’Ebermunster fondée au VIIème siècle

De gauche à droite : Sainte Hune, en parenté avec Sainte Odile, Saint Ehrard qui baptisa Sainte Odile et Sainte Odile, la fille du fondateur de l’abbaye d’Ebermunster, le duc Etichon.

Au cours de la visite nous eûmes droit à un petit concert sur le très bel orgue Silbermann, installé entre 1730 et 1732 par le facteur d’orgue Andreas Silbermann (1648-1734).

Derrière l’orgue Silbermann la fresque de Sainte Cécile, entourée d’anges musiciens

Un CD de musique d’orgue enregistré à Ebermunster fut distribué à chaque participant.

Le soir, dans les salons de la Commanderie, dans le cadre du jumelage avec Lohne, la ville de Rixheim prit en charge le dîner proposé à nos amis lohnois, accompagnés des membres du comité de la Société d’Histoire de Rixheim, qui offrit l’apéritif à cette soirée conviviale.

Samedi 5 octobre : la Cité du Train, la crypte du Vieil Armand

Le samedi fut consacré à la visite de la Cité du Train à Mulhouse, suivie d’un repas à la ferme-auberge du Molkenrain. La journée se poursuivit avec la visite de la crypte du Vieil-Armand qui était fermée lors du voyage des Lohnois en 2015 et se termina par une dégustation viticole chez Ehrart à Wettolsheim.

L’explication du fonctionnement de la machine à vapeur

La locomotive Sezanne, construite à Arras en 1847 et qui fut en service jusqu’en 1880.

Une locomotive Crampton, mise en service en 1852 sur la ligne Paris-Strasbourg (elle cessa son activité en 1892).

Un wagon de 1ère classe, sous le II Empire

Un wagon de 3ème classe

Une locomotive allemande : mise en service en 1856 sur le réseau du Midi, elle cessa ses activités en 1937.

Cette locomotive allemande fut fabriquée à Esslingen.

Une locomotive de 1883, de type Forquenot, conçu par Victor Forquenot de la Fortelle, ingénieur à la Compagnie P.O. (Paris-Orléans). Elle servit de locomotive pour les déplacements présidentiels à la Belle-Epoque.

Une locomotive électrique de type E1, mise en service en 1900 par la Compagnie PO : elle assurait la liaison des trains de voyageurs entre la gare d’Austerlitz et la gare d’Orsay, deux gares de la Compagnie PO.

Un autorail dessiné par Ettore Bugatti, construit dans son usine de Molsheim et mis en service en 1934 sur les lignes de l’Etat.

Jusqu’à la nationalisation de 1937 qui aboutit à la création de la SNCF le 1er janvier 1938, il y avait en France 6 réseaux.

Une locomotive Hudson 232 U1, en service de 1949 à 1961, construite à la Courneuve pour la SNCF.

Un petit tour avec le Mini Express d’Alsace

Cette marquise d’un quai de la gare de Cluny a trouvé une seconde vie à la Cité du Train de Mulhouse.

Le repas à la ferme-auberge du Molkanrein

De l’auberge, vue sur le Vieil Armand et sa croix sommitale inaugurée en 1930, et illuminée en 1936

Après le repas, qui fut plus long que prévu, la visite du Vieil Armand se limita à la crypte située dans le Monument National. Inauguré en 1932 par le Président Albert Lebrun, ce monument dans lequel se trouve la crypte avec l’ossuaire de 12 000 soldats inconnus est surmonté d’un autel de la patrie. Ce Monument National, oeuvre de l’architecte Robert Danis domine la nécropole du Silberloch. Ce cimetière militaire français, inauguré en 1922 renferme 1 256 tombes nominales et 6 ossuaires de soldats morts dans les combats qui se déroulèrent ici, au Hartmannswillerkopf, un sommet baptisé Vieil-Armand par les Français.

Sur cette vue aérienne publiée dans le livret édité par le Comité du Monument National du Hartmannswillerkopf, on identifie bien la nécropole du Silberloch, le Monument National avec l’autel de la patrie et l’accès à la crypte.

Dans le hall d’entrée, des plaques de bronze mentionnent les unités françaises et alliées qui ont combattu au Vieil-Armand.

Aujourd’hui il est aussi fait mention des unités allemandes engagées dans cette bataille.

Un couloir en descente mène au centre de la crypte qui renferme trois références aux religions concordataires d’Alsace. La chapelle catholique se situe en face de l’entrée.

Les ossements des 12 000 soldats non identifiés reposent sous cet énorme bouclier de bronze, flanqué d’un glaive et de son fourreau, et sur lequel est placée une lanterne des morts.

Sur l’ossuaire figurent ces vers de Victor Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie. »

Dans l’oratoire catholique se trouve une Vierge à l’Enfant du sculpteur Antoine Bourdelle.

A droite de l’entrée, l’autel protestant, avec la Bible et une phrase de l’apôtre Jean

Le monument à la religion juive avec les Tables de la Loi et une phrase du prophète Ezechiel fut dégradé par les nazis en 1940.

Sous la pluie, nous quittâmes le Vieil Armand pour le village de Wettolsheim, où nous étions attendus chez le viticulteur Antoine Ehrhart.

L’arrivée chez le viticulteur Ehrhart à Wettolsheim, en pleine vendange

Place à la dégustation autour d’une petite collation

La Weinprobe fut très concluante.

Le lendemain, dimanche 6 octobre, nos amis lohnois reprirent le chemin de la Basse-Saxe, ravis de ce séjour en Alsace. Ils se réjouissaient de nous accueillir en avril 2020 pour un séjour à Lohne, avec le soutien de la Ville de Rixheim, dans le cadre du jumelage. Malheureusement ce voyage au programme très riche a dû être annulé suite à la crise de la Covid 19.

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