Notre excursion 2012 : une belle réussite, 2ème partie, la maison suisse de Wimmenau et le château de Lichtenberg.

1. La maison suisse de Wimmenau avec son moulin à huile.

Après le repas, toujours sous le soleil, nous nous rendîmes à pied, sous la conduite du guide de l’Association de protection du patrimoine de Wimmenau, jusqu’à la maison suisse.

Cette bâtisse, qui remonte à 1669, porte ce nom car à l’instar de nombreuses localités alsaciennes, à l’issue de la Guerre de Trente Ans (1618-1648), ce village a été repeuplé par des immigrés suisses. Pour attirer ces colons, par une  ordonnance de 1662, le  roi de France, Louis XIV, leur accorda des avantages comme l’exemption fiscale ou le libre accès aux forêts pour y trouver le bois de construction et de chauffage, sur une période de 6 ans. Cette maison a été construite par des dénommés Scherer, dont les descendants l’occupèrent jusqu’au dernier quart du XX siècle. Et aujourd’hui encore à Wimmenau, les anciens collent à certains patronymes l’expression « Schwytzer Yerry ». La maison a été rénovée selon les techniques utilisées au XVIII.

La partie la plus ancienne occupe le côté droit de la maison. Les pierres d’angle du rez-de-chaussée, tout comme les encadrements des portes et fenêtres sont faites en blocs de grès taillés et peints en gris sombre. Les poutres des colombages sont peintes en gris bleuté et les miroirs (l’espace entre deux poutres), maçonnés de mortier à la chaux, sont ornés d’un liseré gris sombre. Ce style d’ornementation relève probablement d’une coutume importée de Suisse. Dans la maison, l’Association expose différents objets (d’anciens landaus, du matériel de traite laitière, …).

Dans une annexe de la maison, l’Association a réhabilité un moulin à huile, qui était en activité jusqu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Ce moulin qui daterait de 1837, est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les archives évoquent déjà l’existence d’un tel moulin au XVIII siècle. Ce moulin, qui produisait de l’huile de noix, de colza mais surtout de faines (les fruits du hêtre, très nombreux dans la région) est un moulin dit à  » à sang », une expression qui désigne les installations  mues par la traction animale (voire humaine) et non par la force du vent ou de l’eau. A la sortie des  meules en grès, actionnées par un cheval, la bouillie obtenue  était chauffée dans un four pour faciliter la liquéfaction de l’huile, puis cette mixture était placée dans un pressoir pour obtenir le précieux liquide, débarrassé de ses impuretés grâce à un filtrage à travers des tissus de lin qui tapissaient les récipients du pressoir. Des plaques de métal étaient pressées sur la bouillie par de grosses vis en bois actionnées par un levier manié par l’homme et dont la pression pouvait être accentuée par l’effet d’une roue à palettes à traction humaine, raccordée au levier par une chaîne et un système d’engrenage.Voici cette roue, actionnée par un homme qui marchait sur des palettes en bois et on voit le début de l’engrenage qui entraînait la chaîne reliée au levier du pressoir.

La galerie d’images ci-dessous vous présente des compléments sur cette visite de Wimmenau.

2. Le château de Lichtenberg.

Après la visite de Wimmenau, le car nous emmena vers le château de Lichtenberg, distant de 7,5 km, un site étonnant qui allie aux vieilles pierres des éléments d’architecture contemporaine.

Le bus nous déposa dans le village de Lichtenberg et c’est à pied, à travers la forêt

qu’il a fallu gravir la colline sur laquelle est édifié le château. Seules les personnes à mobilité réduite purent bénéficier d’une montée en voiture.

Nous fûmes accueillis par une charmante guide qui nous fit découvrir les charmes de cette construction à travers les siècles. Pour accéder au coeur du château il faut d’abord traverser un tunnel creusé dans la roche. Vers 1200, sur cette colline, une famille noble qui prit le nom de Lichtenberg fit construire un château fort. En 1286,  Conrad de Lichtenberg, évêque de Strasbourg procéda à l’embellissement du château familial. A la mort de Jacques de Lichtenberg, en 1480, le château  échut en indivision à ses deux nièces, Anne, épouse de Philippe de Hanau et Elisabeth, femme du Simund von Zweibrücken-Bitche.

En 1570, à l’extinction de la lignée des Zweibrücken, le château revint aux Hanau qui prirent le nom de Hanau-Lichtenberg. Et Philippe IV de Hanau demanda alors à l’architecte Daniel Specklin (1536-1589) de rénover  le château, alors en mauvais état. C’est lui qui fit percer le tunnel pour mieux en protéger l’accès . Spécialiste de l’architecture militaire, Specklin avait travaillé sur les fortifications de Vienne, en Autriche, et celles de Strasbourg, ville dont il devint même le Baumeister. Comme ses projets étaient jugés trop onéreux pour la ville, il put aussi se consacrer à d’autres chantiers, comme celui de Lichtenberg ou les fortifications de Belfort et d’Ensisheim. A l’époque, cette localité était le siège de la Régence des Habsbourg pour leurs possessions du sud de l’Alsace. En 1573, l’archiduc Ferdinand de Habsbourg le chargea d’ailleurs de réaliser la première carte de l’Alsace et en 1589, Specklin publia un traité d’architecture militaire.

Restée d’abord en dehors des terres d’Alsace cédées à la France en 1648, la résidence des Hanau-Lichtenberg fut investie par les troupes françaises le 15 octobre 1678, après un siège de 8 jours, dans le cadre des combats de la Guerre de Hollande (1672-1679) qui opposèrent en Alsace les troupes de Louis XIV à celles de l’Empereur. Le château fut alors intégré dans la ligne de défense des forteresses françaises couvrant la frontière nord de l’Alsace (avec Bitche et la Petite Pierre) et Vauban, le spécialiste français de l’architecture militaire, y apporta également quelques modifications.

La forteresse fut gravement endommagée le 9 août 1870 suite à un bombardement de près de 1500  obus lancés par l’armée du Wurtemberg, état allié à la Prusse dans la guerre de 1870. Dans la forteresse en ruines, s’implanta d’abord une auberge puis en 1913, les habitants du village de Lichtenberg y organisèrent le premier spectacle théâtral. Lors des combats de l’hiver 1944-45, le château servit de refuge aux habitants de la région.

Dans les années 1970, les associations du village organisèrent des visites de la forteresse et en 1980, les représentations théâtrales reprirent. Une vaste campagne de rénovation s’engagea entre 1993 et 2009 avec l’adjonction d’éléments contemporains sur les espaces anciens déjà remis en état. En particulier, l’arsenal, conçu par Specklin et éventré par les obus de 1870, fut rénové en 1998 avec une armature en bois pour devenir un auditorium qui attire l’oeil du visiteur, comme le montrent les deux clichés ci-dessous :

Les travaux de transformation de l'arsenal en auditorium

L'auditorium, une prouesse architecturale.

La galerie photos ci-dessous illustre notre visite du château de Lichtenberg.

 

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