Notre excursion 2012, une belle réussite : 1ère partie, le Musée Lalique à Wingen-sur-Moder et le repas de midi à Wimmenau

Le dimanche 13 mai 2012 eut lieu notre excursion annuelle, qui remporta  un grand succès puisqu’il n’y avait plus aucune place de libre dans le car. Nous étions 49 et cette forte fréquentation s’explique sans doute par la richesse du programme avec comme point d’orgue  le magnifique Musée Lalique à Wingen-sur-Moder, inauguré le 1 juillet 2011. De plus tout au long de la journée, le beau temps était de la partie, ce qui a rendu très agréable la visite du château de Lichtenberg en fin d’après-midi.

Au château de Lichtenberg

Par ailleurs, les distances entre les trois lieux de visite, le musée de Wingen-sur-Moder, la maison suisse de Wimmenau, et le château de Lichtenberg étaient très courtes, limitant ainsi les déplacements sur place, et les participants ne purent que louer la qualité des visites guidées proposées en ces trois lieux. Enfin, la pause déjeuner au Restaurant « A l’aigle » de Wimmenau fut très appréciée tant par la qualité du menu que par celle du service, très rapide et efficace. Quant à l’ambiance, elle fut très bonne et rehaussée par un tour de chant de Monique Sayer, qui sut mêler dans un même hymne les retraités, nombreux dans le car, et les personnes encore en activité professionnelle.

I. La visite du musée Lalique de Wingen-sur-Moder

Parti à 7h30 de Rixheim, le car arriva à Wingen-sur-Moder aux alentours de 9h45 et  nous débutâmes par la visite guidée du Musée consacré à René Lalique (1860-1945). Ce bijoutier d’exception et grand maître du verre  s’installa en 1921, à l’âge de 61 ans, dans ce village à la tradition verrière, à l’image d’autres localités des Vosges du Nord. Citons  Meisenthal, dont la manufacture, créée en 1704, accueillit les productions d’Emile Gallé entre 1867 et 1894, et  que nous avons visitée lors de notre excursion 2004. Ces localisations de verreries, dès la fin du XV siècle, s’expliquent par la présence de silice contenue dans le grès des Vosges et par les forêts qui fournissaient le combustible nécessaire.

Les sites verriers dans les Vosges du Nord : le symbole rouge pour les verreries encore en activité et en noir pour celles qui n'existent plus.i

Le Musée Lalique : l'ancien bâtiment de la manufacture du Hochberg réhabilité et à l'arrière la structure contemporaine.

Le musée conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte n’est pas installé dans l’usine fondée par René Lalique, mais sur l’ancien site verrier du Hochberg, créé en 1715 et fermé en 1868. Ces locaux désaffectés ont donc été réhabilités et l’architecte  y a intégré un espace semi-enterré qui accueille l’exposition permanente du musée. Très didactique, utilisant aussi le support audiovisuel, le musée est une merveille par la beauté des oeuvres présentées, des créations de René Lalique, mais aussi de son fils Marc, ainsi que de sa petite-fille Marie-Claude. En effet, l’usine fondée en 1921, devenue plus tard la cristallerie Lalique a toujours poursuivi sa production et depuis 2008  elle est passée sous le contrôle du groupe suisse  « Art et Fragance ». L’usine alsacienne, qui emploie actuellement 230 salariés, produit annuellement 350 000 à 400 000 pièces et le marché de ces créations de luxe est en pleine expansion, avec la montée des pays émergents.  Silvio Denz, président du groupe, grand collectionneur de flacons de parfum, a fait don au musée de certaines pièces de sa collection personnelle.

Faisons maintenant un peu plus connaissance avec René Lalique.

 

René Lalique présentant son vase "Lézards et Bleuets" (vers 1925)

Lalique, le bijoutier

René Lalique, né le 6 avril 1860 à Aÿ dans la Marne, est sensibilisé très jeune aux beautés de la nature par son grand-père maternel avec lequel il s’occupe  du jardin d’hiver de la propriété familiale et avec qui il arpente la campagne champenoise. de dans la propriété familiale. Doué pour le dessin, il entre comme apprenti chez le joailler parisien Louis Aucoc. Après un séjour à Londres (1878-1880), où il se perfectionne dans les arts graphiques, il est embauché comme dessinateur de bijoux chez les joailliers parisiens Vuilleret et Petit. Dès 1882, il se met à son compte et fournit des modèles de bijoux à de grandes maisons comme Cartier, Boucheron…En 1885, il rachète l’atelier de Jules Destapes, place Gaillon à Paris,  et fonde ainsi sa première maison de joaillerie. A la fin du XIX, René Lalique est reconnu comme l’un des meilleurs dessinateurs de bijoux et c’est à cette époque qu’il se lance dans l’utilisation de la verrerie dans la joaillerie. Entre 1891 et 1894, la comédienne Sarah Bernhardt lui commande de nombreux bijoux, contribuant à développer se notoriété. Dès 1895, certaines de ses créations, qui s’inscrivent dans le mouvement Art nouveau,  entrent au musée des Arts Décoratifs de Paris. Emile Gallé, autre grand maître de l’Art nouveau, voit dans René Lalique le précurseur du « définitif bijou moderne ».  Ses thèmes favoris portent sur la femme, la faune et la flore (les trois f) et il utilise des matériaux peu usités en joaillerie comme le nacre, les pierres semi-précieuses comme les agates, l’opale… mais aussi l’émail, cette matière vitreuse que l’on peut teinter avec des oxydes métalliques pour varier les couleurs. René Lalique, dont la renommée devient internationale, tient une boutique à l’Exposition Universelle de Paris de1900, où triomphe l’Art nouveau. En 1902, il s’installe dans un hôtel particulier à Cours-la-Reine, en bord de Seine, près du Grand-Palais. En 1905, il ouvre un point de vente dans l’antre de la bijouterie de luxe qu’est la Place Vendôme à Paris.

 

La guide présente la boutique Art Nouveau de René Lalique à l'Exposition universelle de 1900 à Paris.

La broche "La nymphe rose", en verre, or,rubis et émail (1905-1906)

Lalique, le verrier flaconnier

Mais de plus en plus il est attiré par l’art de la verrerie, et il multiplie les expériences dans l’atelier qu’il s’est installé dans sa propriété de Clairefontaine, près de Rambouillet. En 1907, il rencontre le parfumeur François Coty qui le pousse à se lancer dans la fabrication de flacons de parfum, domaine dans lequel il va réaliser des prodiges. Avec ces créations, le contenant va devenir aussi précieux que le contenu, le parfum. En 1909, René Lalique loue une verrerie à Combs-la-Ville, en banlieue parisienne, entreprise qu’il rachète en 1913, après avoir mis fin à son métier de bijoutier en 1912.  Lalique et Coty vont mettre au point une technique de fabrication en série de ces flacons, pour rendre le produit moins cher et faire entrer l’art dans le quotidien. Lalique va aussi fournir des flacons à d’autres parfumeurs comme Roger et Gallet, Volnay, Molinard, Guerlain…

Flacon "Bouchon Trois Hirondelles" en verre (1920) Collection Sivio Denz

Durant la guerre de 14-18, son usine de Combs participe aussi à l’effort de guerre en fabriquant aussi des ustensiles et objets médicaux pour les hôpitaux.

 

Les ouvriers de la Verrerie d'Alsace, la manufacture installée par Lalique à Wingen-sur-Moder (photo prise en 1923)

L’installation à Wingen-sur-Moder et la diversification des productions

En 1921, encouragé par le gouvernement français qui veut faire de l’Alsace redevenue française une vitrine du savoir faire hexagonal, et s’appuyant sur la tradition verrière de cette région, René Lalique, âgé de 61 ans,  fonde son usine à Wingen-sur Moder, sous le nom de Verrerie d’Alsace. Son oeuvre va maintenant évoluer vers la production des arts de la table : vases, plats, coupes, assiettes, verres, surtout de table…Entre 1920 et 1930, il propose plus de deux cents modèles de vases, dont le célèbre vase Bacchantes, toujours réédité.  Ses créations s’inscrivent dans le mouvement artistique des Années Folles, l’Art Déco, et ses thèmes d’inspiration sont toujours la faune, la flore et le corps féminin : toute son oeuvre peut être considérée comme un hymne à la féminité. René Lalique se plaît d’ailleurs à  expliquer qu’en »vulgarisant la notion du beau, nous améliorons le présent et nous fécondons l’avenir ». Son nom est au sommet de la notoriété à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels de Paris de 1925, pour laquelle il réalise une fontaine monumentale, toute en verre, « Les sources de France », installée sur l’Esplanade des Invalides. Cette année-là, en 1925, René Lalique est promu commandeur de la Légion d’Honneur.

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Le surtout de table offert en 1938 à leurs Majestés britanniques le roi Georges VI et la reine Elizabeth par la Ville de Paris. Un surtout se mettait au milieu de la table car à l'époque les convives ne parlaient qu'à leur voisin et non à leur vis-à-vis.

Le vase "Bacchantes", créé par Lalique en 1927, hymne à la féminité : ces jeunes prêtresses du dieu Bacchus sont encore fabriquées de nos jours. Il faut trente heures de travail pour réaliser une telle oeuvre. Le musée présente les différentes phases de fabrication de ce vase, produit aujourd'hui à 1 800 exemplaires par an.

Un grand plat rond "Les artichauts" en verre moulé pressé émaillé (1920)

La fontaine "Les sources de France" créée pour l'Exposition des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, à Paris, sur l'Esplanade des Invalides.

René Lalique est aussi présent dans l’art religieux. En 1926, il fournit les vitraux et les luminaires de l’église Saint-Nicaise, édifiée à Reims entre 1919 et 1921, dans la cité-jardin du Chemin-Vert par  par l’industriel  Georges Charbonneaux.  Mais son oeuvre maîtresse dans le domaine du sacré  se trouve dans l’abbaye de Douvres la Délivrande, dans le Calvados. En 1931, pour le centenaire de leur congrégation, les religieuses de la Communauté de la Vierge Fidèle veulent terminer la décoration du choeur de la Chapelle et  et la mère supérieure souhaite un crucifix translucide, symbole de la fidélité à Dieu. René Lalique, séduit par la proposition accepte le marché et va rajouter trois verrières dans l’abside, formées de dalles en verre coulé pressé, technique qu’il maîtrise à fond. Il y rajoute un retable, et d’autres pièces de mobilier religieux. Cette chapelle Lalique peut se visiter en dehors des heures de célébration.

Le choeur de la chapelle de la Vierge Fidèle à Douvres-la-Délivrande,                                décorée par René Lalique, en 1931.

René Lalique travaille aussi avec le  monde industriel en répondant à des commandes de constructeurs automobiles, ferroviaires et maritimes. Il fabrique des bouchons de radiateurs pour voitures de luxe,  oeuvre à l’embellissement de de voitures du train Orient-Express  et travaille à la décoration de paquebots, comme le « Normandie » dont il réalise en 1935 la décoration de la salle à manger pour les passagers de  première classe. Si en 1937, l’usine de Combs-la-Ville ferme ses portes, les productions Lalique continuent à Wingen-sur-Moder, avec une interruption en 1939-1940.

Un bouchon de radiateur d'automobile, la mascotte Chrysis (1931)

Le bouchon de radiateur "Longchamps" (1929)

 

 

 

 

Bouchon de radiateur "Victoire" (1928)

 

 

 

 

 

 

 

 

Les successeurs : Marc et Marie-Claude

René Lalique décède le 5 mai 1945 et l’entreprise va poursuivre ses activités sous la direction de son fils Marc, qui abandonne le verre pour se lancer dans le cristal, dans les années 1950. En 1962, la Verrerie d’Alsace prend d’ailleurs le nom de Cristallerie Lalique, en continuant les choix thématiques du père : la verrerie de table, des flacons de parfum comme celui de l’Air du Temps de Nina Ricci. En 1977, Marie-Claude, la fille de Marc, assure la succession familiale à la tête de la manufacture alsacienne, qui va passer dans le giron du groupe Pochet en 1994, avant d’être reprise en 2008 par la firme helvétique Art et Fragance.

Serre-livres "Rêveries" de Marc Lalique, cristal moulé pressé satiné (1948)

Médailles pour les JO d'Albertville (1992) en cristal moulé , argent et bronze, de Marie-Claude Lalique.

La galerie photos ci dessous complète la présentation de ce musée qu’il faut absolument aller visiter .

II. Notre pause déjeuner au restaurant « A l’aigle » à Wimmenau.

 

A gauche de la photo Monique, qui nous a gratifié d'un petit tour de chant

Nous y fûmes très bien reçus et dans la galerie photos ci-dessous nombre de participants se retrouveront.

 

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