Notre bulletin 2019

En 2018, les abords de l’Hôtel de Ville de Rixheim se sont embellis d’une belle place sur laquelle se trouve la statue équestre de Philippe de Montjoie, qui décida de la construction d’une nouvelle commanderie de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques, devenue en 1986 l’Hôtel de Ville de Rixheim. Dans ce bulletin 2019, nous vous proposons de découvrir qui est ce Philippe de Montjoie, et nous abordons aussi la délicate mise en place en place des cartes d’identité A,B,C,D en Alsace en 1919, les liens entre Rixheim et le chemin de fer, l’histoire de la rue Basler et de la rue de la Brasserie, l’implantation d’une base d’hélicoptères sur le terrain d’aviation de Rixheim-Habsheim, et un compte-rendu de la visite de la famille Zuber à Rixheim. Et vous y trouverez également notre jeu « Connaissez-vous Rixheim ? », la page « Rixheim, hier et aujourd’hui », notre rubrique en alsacien consacrée cette année à la tradition carnavalesque et un aperçu de notre exposition sur le centenaire de la Grande Guerre ainsi que de notre excursion 2018 à Rothaus et Sankt-Blasien, sans oublier l’installation de la SHR dans son nouveau local, situé dans l’Annexe de la Mairie, au plus près des archives.

Ce bulletin 2019 est disponible dans deux points presse de Rixheim : Tab@Mag – 25 Grand’Rue Pierre Braun, et A’Rhum et Cigares – 33 Avenue de Gaulle.

La famille de Montjoie et Philippe de Montjoie-Hirsingue Dans un premier article, très détaillé et richement illustré, Benoît Meyer nous présente l’histoire de Philippe de Montjoie-Hirsingue ( 1687- 1757) en remontant aux origines de cette famille de la noblesse médiévale de Franche-Comté. Leur berceau se situe le long du Doubs, entre Saint-Hippolyte et Brémoncourt, une zone donnée à cette lignée par Othon I, fondateur du Saint Empire Romain Germanique. En 1233, sur un éperon rocheux, près du village de Vaufrey, ces seigneurs édifièrent un château, cité sous le nom de Mons gaudia, Montjoie, et à partir de 1296, cette lignée de nobles prit le nom de sire de Montjoie.

Les restes du rempart du château de Montjoie avec au fond la chapelle du château.

Avant d’aborder la lignée des Montjoie-Hirsingue, d’où est issu le bâtisseur de la Commanderie de Rixheim, Benoît Meyer évoque le destin de quelques brillants membres de cette illustre famille, comme Guillaume de Montjoie, devenu évêque de Béziers de 1424 à 1451.

Les liens entre les Montjoie et l’Alsace se tissent dès le XIII siècle, par des mariages (un Montjoie épousa Marguerite, la soeur du comte de Ferrette, Ulrich II) ou par des donations, soit de l’Empereur ou soit du prince-évêque de Bâle, qui cherchaient ainsi à s’attacher des familles nobles, présentes en Alsace ou dans les régions limitrophes. Ainsi les Montjoie étaient-ils possessionnés dans la vallée de la Largue (Friesen, Ueberstrass, Seppois-le-Bas…) et dans la vallée de l’Ill (Heimersdorf, Hirsingue,…). Au XIV siècle, la famille édifia un château à Heimersdorf, donnant ainsi naissance à une branche dite Montjoie-Heimerdorf. Ce château fut détruit lors de la Guerre de Trente Ans qui ravagea l’Alsace. Lorsque cette province entra dans le Royaume de France, suite aux Traités de Westphalie de 1648, les Montjoie, anciens vassaux des Habsbourgs, se rallièrent à leur nouveau suzerain, le roi de France, Louis XIV.

Le blason des comtes de Montjoie

Le père de Philippe de Montjoie, Jean-François Ignace, s’installa à Hirsingue et prit le nom de Montjoie-Hirsingue. Son fils Magnus Louis Charles François Ignace, capitaine de cavalerie au Royal Allemand, un régiment au service du roi de France, fit construire à Hirsingue un nouveau château, majestueux, qui fut saccagé sous la Révolution Française.

Du château des Montjoie-Hirsingue, détruit sous la Révolution,
le 29 juillet 1789, lors de la révolte paysanne de la Grande Peur, il ne reste que ce bâtiment des communs.

Fils de Jean François Ignace de Montjoie-Hirsingue et de Marie-Jeanne Marguerite Seconda Reich de Reichenstein, Philippe Joseph Antoine Eusèbe de Montjoie-Hirsingue vit le jour le 13 mars 1687 et fut baptisé le 19 mars 1687. Après des études à Paris au Collège des Quatre Nations, fondé par Mazarin pour faciliter l’assimilation des familles nobles des provinces nouvellement conquises, le jeune Philippe de Montjoie-Hirsingue embrassa la carrière militaire en entrant au régiment du Royal Allemand.

Le 27 février 1718, non sans difficulté, vu ses origines franc-comtoises, Philippe de Montjoie fut accepté dans l’Ordre des Chevaliers Teutoniques, un ordre de chevalerie allemand, installé dans le Saint-Empire-Romain Germanique. Supprimé en Alsace par Louis XIV, vu que cet ordre servait les intérêts des Habsbourgs, les Chevaliers Teutoniques ne retrouvèrent leurs biens en Alsace qu’à la faveur des Traités de Ryswick (1697) et de Rastatt (1714).

A son entrée dans l’Ordre, Philippe de Montjoie ( zu Froberg, en version allemande) se vit attribuer la modeste commanderie de Strasbourg, puis assura l’intérim à la Commanderie d’Andlau et en 1728, il se vit confier la gestion des Commanderies de Rixheim et de Bâle.

Il gravit très vite les échelons dans la hiérarchie de l’Ordre et en décembre 1736, il fut élu commandeur du bailliage d’Alsace-Bourgogne et alla résider à Altshausen, en Souabe, dans la commanderie-mère de ce bailliage de l’Ordre Teutonique.

Portrait de Philippe de Montjoie qui se trouve à Altshausen, une copie de ce tableau se trouve à l’Hôtel de Ville de Rixheim.

Benoit Meyer développe ensuite la brillante carrière militaire et diplomatique de Philippe de Montjoie, menée sous la protection de l’Electeur de Bavière. Il se retrouva ainsi conseiller intime de l’Empereur Charles VII et devint son ambassadeur auprès de la Confédération Helvétique . Le souverain du Saint Empire Romain Germanique lui conféra même, en 1743, le titre de Reichsgraf (comte d’Empire). Philippe de Montjoie (zu Froberg) mourut à Paris, le 11 mai 1757, alors qu’il était en mission diplomatique auprès du roi Louis XV.

A la tête du bailliage d’Alsace-Bourgogne, une fonction qu’il occupa pendant 21 longues années, Philippe de Montjoie développa une intense activité de bâtisseur, en s’appuyant sur l’architecte de l’Ordre, Jean Gaspard Bagnato (1696-1757) : il a laissé son empreinte à Rouffach, Altshausen, Beuggen, l’île de Meinau, Merdingen… et bien sûr à Rixheim.

Les armoiries de Philippe de Montjoie à la Commanderie du bailliage d’Alsace-Bourgogne à Altshausen.

En 1729, un an après sa nomination à la tête de la commanderie de Rixheim, Philippe de Montjoie obtint l’autorisation du chapitre du bailliage de remplacer le vieux bâtiment de Rixheim par une nouvelle construction, au goût du jour. Le chantier fut pris en charge par l’architecte de l’Ordre, Jean Gaspard Bagnato et les premiers contrats avec les artisans furent signés en 1735. Elu à la tête du bailliage en 1736, Philippe de Montjoie resta commandeur de Rixheim jusqu’en 1745, afin de mieux pouvoir suivre le chantier.

Dans son article, Benoît Meyer évoque aussi la destinée d’un de ses frères, Simon Nicolas Eusèbe Ignace de Montjoie, prince-évêque de Bâle de 1762 à 1775, ainsi que la vie ténébreuse d’une intrigante, surnommée « La fille de l’Enfer », qui se fit passer pour la fille naturelle de Philippe de Montjoie.

L’article se termine par des photos de l’installation de la statue, une oeuvre du sculpteur vosgien Yannick Prevost et de l’inauguration de la place Philippe de Montjoie, le 2 juin 2018, par le maire de Rixheim, Ludovic Haye, du député de la 5ème circonscription du Haut-Rhin, Olivier Becht et du consul général du Japon à Strasbourg, Takamata Sato.



1919 :  » Vos papiers s’il vous plaît ! »

Après avoir évoqué, dans nos précédents bulletins, les quatre années de guerre à Rixheim, dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre, Christian Thoma aborde le délicat sujet de la mise en place, en 1919, des cartes d’identité A, B, C, D, délivrées à toutes les personnes de plus de 15 ans résidant dans les provinces recouvrées d’ Alsace et de Lorraine (en fait que la Moselle). Ces cartes furent introduites par les autorités militaires françaises pour mieux contrôler la population, par crainte de l’espionnite, en attendant la signature du Traité de Paix de Versailles, intervenue le 28 juin 1919. Cette classification, proposée par l’Abbe Emile Wetterlé, ancien député francophile au Reichstag qui avait rejoint Paris en juillet 1914 pour devenir membre de la Conférence d’Alsace-Lorraine chargée de préparer le retour à la France de ces provinces perdues en 1871, reposait sur un tri discriminatoire de la population :

– la carte A pour les Alsaciens de souche, nés avant 1870, qui avaient donc déjà la nationalité française, ou ayant des parents ou grands-parents eux aussi d’ascendance française, et qui seraient réintégrés dans la citoyenneté française à la signature du traité de paix. Les citoyens français présents en Alsace, en ce mois de décembre, reçurent aussi cette carte A. Cette carte était barrée des couleurs tricolores. Les cartes délivrées aux chefs de famille mentionnaient le nom et l’âge des enfants de moins de 15 ans vivant sous leur toit, comme le montre cette carte A, délivrée à Victor Reymann, né à Rixheim en 1866.

– la carte B pour les personnes, y compris les Alsaciens, dont l’un des parents était d’origine étrangère. Et en 47 ans d’intégration au Reich, nombreux étaient les Alsaciens dont le père ou la mère était d’origine allemande. Cette carte était barrée de rouge.

– la carte C pour les ressortissants étrangers de pays neutres (par exemple les Suisses, les Espagnols) ou alliés durant la guerre (comme les Italiens), même nés en Alsace-Lorraine. Cette carte était barrée de bleu.

– la carte D pour les citoyens des Etats ennemis durant la guerre (Allemands, Austro-Hongrois, Turcs ou Bulgares), même nés en Alsace-Lorraine.

Les titulaires de ces cartes, basées sur le droit du sang (la nationalité transmise uniquement par les parents et non pas également par le lieu de naissance), n’étaient pas soumis aux mêmes règles de circulation : si les cartes A avaient le droit de circuler librement dans tous les territoires redevenus français, à l’exception d’une bande le long de la frontière suisse et allemande, les cartes B et C devaient se limiter à l’arrondissement, alors que les cartes D ne pouvaient quitter leur commune. Une autre discrimination s’appliquait au taux de change appliqué dans les territoires redevenus français entre l’ancienne monnaie allemande et la nouvelle monnaie française. Alors que les titulaires des cartes A et C bénéficiaient d’un taux préférentiel de 1,25 Francs pour 1 Mark, les autres devaient changer leurs marks au taux officiel de 0,80 Francs pour 1 Mark.

La mise en place de ces cartes commença par le recensement en mairie de toutes les personnes résidant dans la commune, et à Rixheim, cet enregistrement de tous les habitants se fit entre le 14 et le 24 décembre 1918.

Une page du cahier de recensement de décembre 1918 avec la mention pour chaque personne de sa profession, ses date et lieu de naissance, ses nationalités d’origine et actuelle, les dates et lieux de naissance des parents.

Il est à remarquer que dans ces cahiers, les Alsaciens de souche se virent attribuer la nationalité alsacienne, tout comme un Badois vivant en Alsace était noté avec la nationalité badoise, car dans le Reich allemand, état fédéral, les habitants sont d’abord citoyens de leur Land.

Les cartes d’identité A, B, C et D arrivèrent en mairie de Rixheim au courant du mois d’avril.

Ces cartes aboutirent à des situations kafkaïennes : ainsi à Rixheim, le boucher Wilhelm Bruder, installé dans la Langegasse, né en 1867 à Oberharmersbach (Grand Duché de Bade), donc de nationalité badoise, reçut la carte D, alors que sa femme Adèle Steyert, née à Rixheim en 1874 de parents alsaciens (son père Jean était né à Rixheim en 1833 et sa mère Jeanne à Mittelmuespach en 1844), fut titulaire de la carte A. Et leurs enfants, tous deux nés à Rixheim, Désiré en 1894 et Jeanne en 1901, et qui avaient donc plus que 15 ans, se virent attribuer une carte B, vu que l’un des parents était étranger.

Devant l’ancienne boucherie Bruder, occupé aujourd’hui par le restaurant Il Gusto, de gauche à droite, Wilhelm Bruder (carte D), un apprenti puis Désiré Bruder (carte B) et à la fenêtre Adèle Bruder, née Steyert (carte A).

Dans son article, Christian Thoma aborde aussi la vague de germanophobie qui se répandit après la signature de l’armistice, un ressentiment qui succéda à la francophobie subie par l’Alsace durant les quatre années de dictature militaire allemande, mise en place avec la guerre.

Affichette placardée à Strasbourg en décembre 1918 par des « patriotes revanchards » qui se livrèrent à une épuration sauvage à l’encontre des Altdeutsche (Allemands venus s’installer entre 1871 et 1914), nombreux à Strasbourg, et qui durent quitter la ville. (Doc : Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg 503 FI 50)

Pour contrôler ces exactions et dénonciations qui touchaient aussi des Alsaciens Lorrains de souche perçus comme favorables à l’Allemagne, les autorités françaises instaurèrent dans chaque arrondissement une commission de triage. Composées de neuf membres, trois militaires et six civils (des optants de 1871 ou leurs descendants revenus s’installer au pays), présidées par un officier, ces commissions, au fonctionnement arbitraire, ne pouvaient que difficilement appréhender la réalité vécue pendant les 47 ans de Reichsland, dont 4 années de dictature militaire par les habitants de ces provinces recouvrées . Heureusement, ces commissions de triage furent supprimées dès le 18 juin 1919 par Alexandre Millerand, qui venait d’être nommé Commissaire Général en Alsace-Lorraine et qui avait compris qu’il fallait avancer en douceur dans l’intégration et prendre en compte le particularisme de ces territoires redevenus français.

Durant le premier trimestre 1919, les journaux locaux (L’Express qui reparut à Mulhouse en langue française, le Mülhauser Tagblatt) publiaient régulièrement des listes de gens expulsés vers l’Allemagne, en grande majorité des Altdeutsche, et utilisaient les mots de « indésirables« , « Allemands expulsés » et « épuration« . Dans ces listes figuraient parfois des Rixheimois, comme le garde-forestier Friedrich Hinklemann, de nationalité prussienne, qui vivait dans le Forsterhaus (la maison forestière) à côté de la gare. Il fut expulsé dans le convoi N°9 du 5 février 1919, en même temps que son collègue forestier Krantz, lui aussi en poste à Rixheim.

Les cahiers de recensement des habitants, établis en décembre 1918, montrent que lors de la distribution des cartes d’identité, qui eut lieu à Rixheim en avril 1919, un certain nombre d’habitants de Rixheim, destinataires de la carte D, étaient déjà partis en Allemagne, soit par expulsion, soit par départ volontaire. Parmi eux, Hans Walther Fahrenbach, de nationalité prussienne, né à Rixheim en 1900, fils du défunt docteur Fahrenbach qui repose au cimetière de Rixheim, ou encore l’instituteur rixheimois, Théodore Lang, de nationalité badoise, installé à Rixheim depuis 1887, ou le chef de gare Bernhardt Günther, de nationalité saxonne.

Le Traité de Paix de Versailles, signé le 28 juin 1919, redonnait de plein droit la nationalité française aux personnes l’ayant perdue suite au Traité de Francfort du 10 mai 1871, ainsi qu’à leurs descendants, en excluant ceux qui avaient un père allemand. La majorité des Rixheimois (les cartes A) retournèrent donc en mairie, dans les mois qui suivirent, pour se faire inscrire sur le registre de réintégration de plein droit dans la Nation française.

Comme une annexe du Traité de Versailles ouvrait l’accès à la nationalité française aux conjoints étrangers de personnes redevenues françaises, ainsi qu’à ceux qui avaient un parent redevenu français, les titulaires des cartes B, C et D purent engager une procédure de réclamation de nationalité française.

Les demandes, rarement rejetées, furent souvent accompagnées de lettres pathétiques, comme celle de Désiré Bruder (carte B ) qui y afficha son amour de la France, ou de certificat de bonne conduite, comme celui établi par le maire de Rixheim, Ivan Reymann, en faveur du cheminot badois Georges Schneider (carte D) époux d’Emilie Wybrecht, redevenue française de plein droit. On peut aussi citer Karl Braun (carte D), brasseur à Rixheim avant 1914 et qui avait épousé Marie Bloesch réintégrée de plein droit. Théodore Lang, qui avait quitté Rixheim, revint auprès de son épouse Angélique, née Allgeyer, réintégrée de plein droit et restée à Rixheim. Tous ces titulaires de cartes D et B obtinrent la nationalité française.

Avec le retour de la paix, les pouvoirs revinrent pleinement aux autorités civiles, les contraintes de circulation furent levées et ces cartes A-B-C-D tombèrent en désuétude. Mais cette classification discriminatoire, tout comme les commissions de triage, contribuèrent à alimenter le malaise alsacien qui déboucha sur la crise autonomiste de l’entre deux-guerres, dont l’un des leaders fut Eugène Ricklin, ancien président du Landtag de 1911 et victime d’une commission de triage, qui prononça son expulsion, en 1919.

Rixheim et le chemin de fer

Dans cet article, René Tessier commence par aborder la naissance du chemin de fer en Alsace, avec une première liaison Mulhouse-Thann, en 1839, suivie de la ligne Strasbourg-Bâle, inaugurée en 1841, deux réalisations impulsées par l’industriel mulhousien Nicolas Koechlin.

La commune de Rixheim, située sur le tronçon Mulhouse-Saint-Louis, inauguré le 25 octobre 1840, fut dotée , dès 1840, d’une station provisoire, en bois, construite par l’architecte de la Ville de Mulhouse, Jean-Baptiste Schacre.

La première gare de Rixheim, alors appelée station (Doc. « Voies ferrées du Sud de l’Alsace », publié par la Société d’Histoire du Sundgau)

Très vite, cette station en bois laissa place à un bâtiment en dur dont la taille doubla en 1897, suite à des travaux d’agrandissement entrepris sous le Reichsland par les Chemins de Fer Impériaux.

La gare de Rixheim, en 1910, qui fut agrandie en 1897, et, à l’arrière-plan, on devine le Forsterhaus, la maison du garde-forestier, construite sous le Reichsland.

Sous la période du Reichsland, la gare de Rixheim se vit aussi doter, dès 1889, d’une petite gare de marchandises, à la grande satisfaction du manufacturier Ivan Zuber, maire de Rixheim ainsi que des entreprises installées près de la gare : la tuilerie Wolf, la scierie Ginzburger.

Sur cette vue aérienne de 1950, on distingue bien la gare de marchandises en face de la gare de voyageurs, la tuilerie Wolf reprise par Charles Mayer, reconnaissable à sa haute cheminée, et, en face, l’usine d’imprégnation de poteaux et de traverses de chemin de fer Rollin-Dupret, qui remplaça la scierie Ginzburger.

René Tessier évoque ensuite les changements intervenus dans ce quartier de Rixheim à partir des années 1970 : la disparition de la tuilerie remplacée par l’ensemble résidentiel « Les Tilleuls », la fermeture de l’usine Rollin-Dupret et de la petite gare de marchandises qui ont laissé place à un nouveau quartier d’habitations, composé de pavillons et de petits immeubles, sans oublier la construction du passage souterrain qui a permis de supprimer le passage à niveau, comme ce fut aussi le cas, un peu plus tard, dans le bas de la Grand’Rue Pierre Braun.

Le passage souterrain de l’Avenue de Gaulle est opérationnel dès 1982, date à laquelle la gare de marchandises n’est pas encore déclassée, au vu du wagon de marchandises, visible à droite de la photo.

L’article évoque aussi la présence du chemin de fer dans le quartier de l’Ile Napoléon, avec la gare construite sous le Reichsland sur la ligne Mulhouse-Müllheim, inaugurée en 1878. Suite à la suspension du trafic voyageurs en 1980, la gare fut déclassée et rachetée par un particulier. Depuis 2006, un service voyageurs assure de nouveau la liaison Mulhouse-Neuenburg.

L’ingénieur Rhelbing avait proposé 5 projets pour relier Mülhausen à Müllheim et le projet 1 passant par Chalampé fut retenu.

La gare de l’Ile Napoléon fut gravement endommagée par un bombardement le 9 août 1914.

Mais le chemin de fer à l’Ile Napoléon, c’est bien sûr le dépôt de locomotives, avec sa célèbre rotonde, construit à partir de 1927 et opérationnel en 1930. Cette nouvelle installation remplaça le dépôt de la Wanne à Riedisheim, qu’il fallut déménager suite à la construction de la nouvelle grande gare de Mulhouse, inaugurée en 1932. Et à côté du dépôt de locomotives de l’Ile Napoléon, les Chemins de Fer de l’Est construisirent dans les années 1930 une cité pour y loger le personnel. En 1944, le dépôt subit de graves dommages lors de deux bombardements aériens alliés, les 11 et 25 mai 1944.

Vue aérienne de 1965 du dépôt de l’Ile Napoléon avec sa rotonde et juste derrière la cité SNCF pour loger le personnel. A l’arrière-plan se devine l’usine Peugeot, implantée en 1962.

Le dépôt de l’Ile Napoléon fut fermé en 1970 et les maisons de la cité SNCF furent vendues à des particuliers.

La rue Basler

Comme chaque année, le bulletin aborde l’histoire du nom de deux rues de Rixheim,et dans ce numéro, Christian Thoma vous propose de découvrir la rue Basler et la rue de la Brasserie.

La rue Basler relie l’Avenue de Gaulle à la rue de Mulhouse.

En 1921, cette artère qui n’était qu’un chemin privé, prit le nom de rue Basler, en mémoire d’Eugène Basler (1851-1910). L’article raconte la vie d’Eugène Basler, un maçon qui monta une entreprise de construction, à qui Rixheim doit notamment la construction du Cercle Saint Léger (s’ Bangala), ainsi que certaines maisons de cette rue Basler, qui faisaient partie d’un projet immobilier lancé par l’entrepreneur. Eugène Basler était aussi membre du Conseil Municipal et occupait les fonctions de 1er adjoint en 1908, lors de la réélection du maire Ivan Reymann.

La rue de la Brasserie

La rue de la Brasserie rappelle l’existence d’une brasserie à Rixheim.

La brasserie fut fondée en 1881 par Louis Fimbel et à la mort de ce dernier, l’établissement fut géré par sa veuve qui épousa le menuisier Joseph Reithinger. Redevenue veuve, Mme Reithinger vendit l’entreprise en 1911 à deux frères venus du Grand Duché de Bade, Franz et Karl Braun.

La brasserie reprise par Joseph Reithinger qui épousa la veuve du fondateur, Louis Fimbel.

Les frères Franz et Karl Braun rachetèrent en 1911 la brasserie à Mme Reithinger, redevenue veuve. La brasserie proposait aussi une restauration et une salle pour les sociétés.

Un peu plus haut dans la rue de l’Etang, la brasserie avait aménagé une glacière (d’r Eiskeller), pour conserver la glace prélevée en hiver dans l’énorme étang qui se situait sur l’actuelle place du Monument aux Morts. Et dans cet article, nous publions, pour la première fois, des photos de cette glacière, qui avait servi d’abri pendant les bombardements de 1944 : suite à la fermeture de l’église, touchée par un obus allemand le 3 décembre, des messes furent célébrées dans la glacière.

L’énorme étang où on prélevait la glace en hiver.

La galerie principale de la glacière, renforcée entre les deux guerres pour servir d’abri à la population en cas de bombardement.

A l’été 1914, les frères Braun furent mobilisés et la brasserie ne rouvrit pas après la guerre. Si Franz Braun resta en Allemagne, son frère Karl, qui avait épousé une Rixheimoise, revint s’installer à Rixheim dès la fin de la guerre. Si sa femme fut titulaire de la carte A, Franz Braun se vit remettre la carte D, car Allemand. Mais après la signature du Traité de Versailles, il entreprit une demande de naturalisation vu que sa femme était française, démarche qui lui permit d’acquérir la nationalité française, et leur fils Pierre, né en 1921, devint maire de Rixheim de 1971 à 1995.

Karl Braun

L’article évoque ensuite le devenir des bâtiments de la brasserie dans l’entre-deux-guerres : un atelier de lustrage de fourrures, puis un atelier textile, avant la vente des biens en deux lots.

En 2008, les restes de l’ancienne brasserie furent démolis pour laisser place à l’immeuble résidentiel du Clos des Brasseurs.

Une base d’hélicoptères de l’ALAT, le GALDIV 7

Le Lieutenant-Colonel Bernard Antoine présente l’histoire de la présence de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (l’ ALAT) sur le terrain de Mulhouse – Habsheim.

Après la fin de la guerre d’Algérie, il fallut rapatrier le matériel volant de l’ ALAT et la 7ème division légère blindée se vit affecter, le 16 mars 1962, un peloton mixte avions-hélicoptères qui s’implanta sur le terrain d’aviation de Mulhouse-Rixheim-Habsheim. Le 1er septembre 1962, ce peloton va devenir le GALDIV 7 (Groupe d’aviation légère divisionnaire , affecté à la 7ème division blindée). L’article évoque l’organisation de cette unité et l’évolution de son matériel, toujours plus performant. Après 15 ans de présence sur la base, le GALDIV 7 fut dissout le 31 juillet 1977 et le ciel de Rixheim ne connut plus ce ballet d’hélicoptères auquel les habitants s’étaient habitués en 15 ans de présence.

La base du GALDIV 7 présent de 1962 à 1977.

Les Zuber en visite à Rixheim

Christian Thoma rend compte de la visite à Rixheim des 80 descendants de Jean Zuber (1773-1852) et d’Elisabeth Spoerlin (1775-1856), le 22 septembre 2018. Au cours de ce « pèlerinage aux sources de la famille », organisé par l’Association pour le Souvenir Zuber à Rixheim, présidée par la dynamique Valentine Zuber, la Ville de Rixheim se vit offrir une dizaine de toiles et gravures du patrimoine familial. Cette visite fut l’occasion de « baptiser »la salle du Conseil Municipal du nom de Salle Zuber.

Valentine Zuber, présidente de l’Association pour le Souvenir Zuber à Rixheim et Ludovic Haye, maire de Rixheim, dévoilèrent la plaque du nom donné à la Salle du Conseil Municipal : Salle Zuber.

La famille Zuber découvrit les oeuvres léguées à la Ville et placées dans la Salle du Conseil.

Uf elsassisch

Comme dans chaque numéro, Véronique Rigo vous propose sa page en alsacien et elle évoque les traditions carnavalesques : s’Puppa Brenna, (l’immolation de la poupée de l’hiver), d’Bàl in da Beitza (les bals dans les bistrots),…

Le trio Edelweiss : Roger Allheilig, Roger Nico et François Imbert, lors d’une soirée carnalesque.

L’excursion 2018 : Rothaus et Sankt Blasien

La visite de la brasserie Rothaus.

La visite de la magnifique église de Sankt Blasien.

  La commémoration du Centenaire de la Grande Guerre, en novembre 2018

Le 13 novembre 2018, l’émouvant concert de Daniel Muringer, intitulé « Ballade d’une tranchée à l’autre » .

Du 17 au 19 novembre 2018, le public put découvrir les panneaux conçus par la SHR, avec le soutien de la Ville de Rixheim, les objets de collectionneurs ainsi que des oeuvres d’art, liées à la guerre 14-18.

Des tableaux de Geneviève Dolle comme cette oeuvre intitulée « Le corps, l’âme et l’esprit ».

Cette reproduction prêtée par l’Industrie Museum de Lohne peut s’appliquer à la charge des troupes badoises le 9 août 1914, qui permit aux Allemands de reprendre Rixheim aux troupes françaises.

Une sculpture de Joseph Sitterle, du Cercle des Arts de Rixheim.

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