NOTRE BULLETIN 2018

Dans ce bulletin 2018, nous terminons la commémoration du centenaire de la Grande Guerre et sur cette photo de couverture , Suzanne Frederich, 8 ans et son frère René, 4 ans, deux enfants de Rixheim, fêtent le retour de Rixheim à la France, après le 18 novembre 1918, date d’entrée des troupes françaises à Rixheim.

Les Zuber et la guerre 14-18

Dans cet article, Christian Thoma évoque le sort de l’entreprise Zuber durant la guerre, la vie des civils à l’arrière, à Rixheim, durant ces quatre années de rationnement, de dictature militaire. Son travail repose sur l’exploitation de la correspondance épistolaire d’Ivan Zuber (1827-1919), 87 ans en 1914, le seul membre de la famille Zuber à être resté à Rixheim après la déclaration de guerre. Entre novembre 1914 et mars 1916, il échangeait régulièrement des lettres avec sa fille Cécile de Loriol (1859-1916), installée en Suisse.

Ivan Zuber (1827-1919), photo prise en 1915.

Cécile de Loriol (1859-1916) , fille d’Ivan Zuber (photographie prise vers 1890).

Vue aérienne de la manufacture de papiers peints Zuber & Cie vers 1914.

Dans la famille Zuber, sur les 70 descendants ou conjoints de descendants de Jean Zuber père et d’Elisabeth Spoerlin qui ont participé à la Grande Guerre, tous sous l’uniforme français ou anglais, 11 sont morts sous les drapeaux entre 1914 et 1918. Dans son article, Christian Thoma aborde l’itinéraire de quatre d’entre eux, évoqués par Ivan Zuber dans ses lettres, ou natifs de Rixheim : Roger Farjat, un petit-fils d’Ivan Zuber, né à Cannes en 1882 et mort au combat le 25 septembre 1914, dans la Somme – Jean Zuber-Risler, fils d’Ivan Zuber, né à Strasbourg en 1861, mort à Besançon le 2 mai 1915, après avoir repris du service malgré son âge avancé – Théodore Zuber, fils de Victor Zuber, cousin d’Ivan Zuber, né à l’Ile-Napoléon en 1882 et mort à Toul le 25 novembre 1915 – Ivan Wearne, né à Rixheim en 1896, dont le père, l’Anglais Harry Wearne avait épousé Emma Zuber, fille d’Emile Zuber, cousin germain d’Ivan Zuber, avant de se brouiller avec les Zuber et de quitter Rixheim avec ses fils, dont Ivan Wearne qui s’engagea dans l’armée anglaise et mourut au combat le 7 juillet 1916 dans la Somme.

Jean Risler

Jean Zuber-Risler (1861-1915) : fils d’Ivan Zuber et de Jenny Lauth, maire de Boussières et conseiller général, directeur de la papeterie Zuber & Rieder de Torpes, Jean-Zuber Risler s’engagea malgré son âge en novembre 1914 et mourut le 2 mai 1915 à l’hôpital militaire de Besançon.

Sur la boucle du Doubs, près de la commune de Boussières, la papeterie Zuber & Rieder, implantée à l’Ile-Napoléon, fonda cette usine de Torpes pour continuer à profiter du marché français, après l’annexion de l’Alsace à l’Empire allemand en 1871.

Dans le carré Zuber, repose Théodore Zuber, dit Dori : mort dans les rangs du 304ème RI, à Toul, le 25 novembre 1915, sa dépouille fut ramenée au cimetière de Rixheim en 1925.

Le sergent Théodore Zuber, né à l’Ile-Napoléon en 1882, artiste-peintre installé à Rome, revint à Paris et s’engagea comme volontaire alsacien dans le 304ème RI. Il mourut à Manonville, près de Toul, en Meurthe-et-Moselle, le 25 novembre 1915, suite à un bombardement de l’artillerie allemande.

Les soldats de Rixheim morts en 1918

ves Schlienger poursuit son travail sur les soldats de Rixheim morts en 1918 et parmi eux, Charles Sayer, Emile Frederich, le père de la petite Suzanne et du petit René que nous avons mis en couverture de ce bulletin.

Les soldats de Rixheim morts en 1918, figurant sur le Monument aux Morts, sont décédés sous l’uniforme allemand.

Emile Frederich (2ème à gauche), né en 1884, et sa femme Emma, née Frey avec
dans les bras la petite Suzanne née en 1912 , posent devant la maison parentale des Frey, Rue des Prés à Rixheim.

Dans cette famille Frey, les parents, Jacques Frey ( 1857-1938) qui regarde par la fenêtre, et son épouse Mélanie, née Niedergang (1859-1927), eurent à déplorer la mort de leur fils Désiré (2ème à droite, mort sur le front russe en 1915, à l’âge de 22 ans ) et de leur gendre Emile Frederich, mort à Albert, dans la Somme, le 22 avril 1918, à l’âge de 34 ans.

Né le 25 juin 1897 à Rixheim, Charles Sayer est mort le 23 juillet 1918, dans l’hôpital de campagne du Feldlazarett 290 .

Rixheim redevient français le 18 novembre 1918

Dans cet article, Christian Thoma évoque l’arrivée à Rixheim des troupes françaises du 2ème bataillon du 416ème RI, des poilus commandés par le capitaine Magneron. La veille, les Français firent leur entrée triomphale à Mulhouse, une semaine après la conclusion de l’armistice du 11 novembre. Ce délai avait été accordé aux Allemands pour qu’ils évacuent les territoires occupés en France, ainsi que l’Alsace-Lorraine, dont le retour à la France était acté. En novembre 1918, contrairement à novembre 1944, il n’y eut donc pas de combats lors de l’arrivée des troupes françaises : elles prirent place dans une zone que l’ennemi venait d’évacuer.

,Une Rixheimoise, en costume alsacien avec cocarde tricolore pose avec un militaire du 416ème RI.

Dans son article, Christian Thoma revient sur ces journées de novembre 1918 qui virent le retour de l’Alsace à la France et la visite triomphale du Président de la République Raymond Poincaré et du Président du Conseil, Georges Clemenceau à Mulhouse, le mardi 10 décembre 1918. Cette visite des chefs de l’exécutif de la IIIème République dans les provinces recouvrées, pavoisées aux couleurs françaises, fit dire à Poincaré à Strasbourg : « Le plébiscite est fait« , soulignant ainsi qu’il n’y avait pas lieu de consulter la population de l’ancien Reichsland sur sa volonté de redevenir français. En 1871, lors de l’annexion à l’Allemagne, la population ne fut pas consultée.

L’arrivée de Poincaré et de Clemenceau à la gare de Mulhouse, construite en 1841. (AMM 9FI 533)

,Le quartier devant la gare, noir de monde en ce 10 décembre 1918.  (AMM 2FI 7258)

Le Président de la République, Raymond Poincaré, devant la Bourse de Mulhouse. (AMM 9FI 4006)

Les conscrits de Rixheim et la course aux oeufs, l’exemple de la classe 46-66.

Suite à la dissolution de l’Amicale de la classe 1946 de Rixheim, la SHR s’est vu remettre le drapeau des conscrits de cette classe d’âge ainsi que de très belles photos prises en 1964, le 30 mars, lors de la traditionnelle course aux oeufs organisée depuis la nuit des temps par les conscrits de Rixheim, le lundi de Pâques. Ces dons ont amené Christian Thoma à rédiger un article sur cette course aux oeufs en partant de la classe 1946, article qui présente aussi d’autres classes de conscrits de Rixheim.

La classe 1946, en 1964, devant le restaurant « Au Raisin », alors tenu par M.Christen.

Dans la Grand’Rue, entre le Stockbrunna et la Mairie, les oeufs étaient posés selon la règle en vigueur : l’espacement était délimité par la longueur du bâton du tambour-major.

Sous la conduite du tambour-major Antoine Tritsch, les conscrits défilèrent vers le point de départ de la course, situé au niveau de la rue de l’Ecole.

Alors qu’un concurrent, le plus jeune, devait courir jusqu’à Habsheim, en passant par la rue des Pierres et ramener un fanion qui l’attendait au restaurant de la Gare à Habsheim, où il devait boire un scheppala, son adversaire, le plus âgé de la classe, ramassait les quelque 150 oeufs disposés entre le Stockbrunna et la Mairie. En 1964, la course fut remportée par Henri Freymann, le ramasseur d’oeufs qui devança le coureur Charles Froehlich qui venait de couvrir les 2,8 km du parcours aller-retour.

A la fin de la course, les deux concurrents, juchés sur une échelle, furent emmenés vers la place de la Mairie.

Autrefois, le perdant était jeté dans le bassin de la fontaine du Stockbrunna

La classe 37-57 masquant la petite fontaine qui a remplacé le grand Stockbrunna, au milieu des années 1950.

La classe 1909-29, devant le restaurant Nico-Baldeck : sur le drapeau de la classe, on retrouve le mythique chiffre 1 000 (les Doïsigers)

La classe 34-54 au Café Krimm, à l’angle Rue Leclerc-Avenue de Gaulle (ce café est aujourd’hui un bureau tabac-presse).

Les députés en lien avec Rixheim : l’abbé Simonis, Médard Brogly et Olivier Becht, premier député-maire de Rixheim.

Lorsqu’en 2017, Olivier Becht, maire de Rixheim est devenu député de la 5ème circonscription du Haut-Rhin, ouvrant ainsi une nouvelle page de l’histoire de Rixheim, Christian Thoma décida de présenter dans un article les députés ayant eu un lien avec Rixheim : l’Abbé Simonis, Médard Brogly et bien sûr Olivier Becht.

Jacques-Ignace Simonis (1831-1903), curé de Rixheim de 1866 à 1872, fut élu député du Reichstag de la circonscription de Ribeauvillé de 1874 à 1898.

La longue carrière de Médard Brogly, né à Rixheim en 1878, permet de retracer les grandes pages de l’histoire alsacienne : la Constitution de 1911 qui fit enfin du Reichsland un Etat presque semblable aux autres Etats du Reich, un Empire fédéral, la dictature militaire de 1914 à 1918, le retour à la France qui aboutit très vite au malaise alsacien, la poussée autonomiste de l’entre-deux-guerres, l’annexion de fait au IIIème Reich. Après avoir quitté Rixheim pour Kingersheim, Médard Brogly choisit la carrière de l’enseignement et fut professeur à Mulhouse. Elu député du Landtag d’Alsace-Lorraine en 1911, dans la circonscription de Habsheim-Landser, Médard Brogly fut interné par les autorités allemandes de 1915 à 1918. En 1919, il fit partie des 24 députés qui marquèrent le retour des Alsaciens-Mosellans au Palais-Bourbon. La même année, il fut élu conseiller général du canton de Habsheim, remplaçant le maire de Rixheim Ivan Reymann retiré de la vie politique. Battu aux cantonales de 1922, Médard Brogly ne se présenta plus aux législatives de 1924. Mais les maladresses du gouvernement d’Edouard Herriot qui voulait, au nom de l’égalité républicaine, remettre en cause les particularités d’Alsace-Moselle (sur le plan religieux et scolaire) heurtèrent profondément Médard Brogly qui se relança dans l’arène politique en 1928. Il fut élu député de la circonscription de Mulhouse-Campagne et conseiller général du canton de Huningue. Lors de ces élections, marquées par la poussée autonomiste, Médard Brogly se rangea dans le camp des élus appelant à une autonomie alsacienne, à l’image de ce qu’a connu la province sous le Reichsland, à partir de 1911. Réélu député en 1932, il entra au Sénat en 1936. Ne pouvant rejoindre Vichy, il ne participa pas au vote qui saborda la IIIème République en donnant les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. En 1940, il rejoignit l’Alsace annexée de fait au IIIème Reich, dirigea le groupe de presse Alsatia à Colmar. A l’automne 1944, Médard Brogly fut recherché par la Gestapo pour avoir côtoyé les protagonistes du complot monté par des officiers contre le Führer, à l’été 1944. Il vécut dans la clandestinité jusqu’à la libération de Colmar le 2 février 1945. Médard Brogly se retira de la vie politique après la guerre et mourut en 1959, à l’âge de 83 ans, dernier représentant des députés du Landtag Elsass-Lothringen, élus en 1911.

L’enseignant Médard Brogly fut élu au Landtag d’Elsass-Lothringen en 1911, pour la circonscription de Habsheim-Landser, à laquelle appartenait Rixheim.

Le jeune enseignant Médard Brogly, élu député du Landtag à l’âge de 33 ans.

Les 24 députés d’Alsace-Lorraine élus en 1919 ,et parmi eux Médard Brogly, dans la cour du palais-Bourbon (Doc. Assemblée Nationale)

Carte publiée pour les législatives de 1928, Médard Brogly y côtoie les grandes figures de l’autonomisme alsacien : Joseph Rossé et Eugène Ricklin. Tous les trois furent élus députés en 1928.

L’ouvrage rédigé par Médard Brogly lors de sa clandestinité en 1944-45, dans lequel il décrit le sort de l’Alsace sous l’occupation nazie. Son étude, rédigée initialement en allemand, fut publiée en français en 1945.

L’article se termine par le brillant parcours d’Olivier Becht, passé par Sciencs-Po Strasbourg et l’ENA, dans la promotion Léopold Senghor, où il côtoya un certain Emmanuel Macron. Engagé très tôt en politique, Olivier Becht commença sa carrière sur les bancs de l’opposition municipale au maire de Rixheim, Bernard Hanser. En 2001, à la tête d’une liste d’ouverture, âgé de 24 ans, Olivier Becht faillit ravir la mairie à Bernard Hanser, dont la liste l’emporta de justesse. En 2008, à l’âge de 31 ans, il prit sa revanche et remporta la mairie de Rixheim, devenant le plus jeune maire de l’histoire de Rixheim. Militant pour la création de la M2A (Mulhouse-Alsace-Agglomération) il devint président-délégué de cette grande instance intercommunale, née en 2010. Aux élections municipales de 2014, sa liste d’ouverture et de rassemblement « Rixheim-Vivre ensemble » fut seule en lice, cas unique en France pour une commune de cette taille, et Olivier Becht entama son deuxième mandat de maire. En 2015, il fut élu conseiller général du nouveau canton de Rixheim, qui remplace l’ancien canton de Habsheim, né en 1791, et devint vice-président du Conseil départemental du Haut-Rhin. En 2017, il entra au Palais-Bourbon comme député de la 5ème circonscription du Haut-Rhin, devenant le premier député-maire de l’histoire de Rixheim. Avec la loi limitant le cumul des mandats, il quitta le poste de maire de Rixheim, la vice-présidence du Conseil départemental et de la M2A, qu’il avait déjà quittée en 2016 pour mieux se consacrer à la campagne électorale des législatives. Olivier Becht est toujours membre du Conseil municipal de Rixheim qui a confié le poste de maire à Ludovic Haye. Au Palais-Bourbon, Olivier Becht a rejoint le groupe « Agir-la droite constructive ».

Dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, Olivier Becht occupe le siège N°154.

Les rues de Rixheim: la rue de l’Abattoir et la rue de l’Abbé Simonis

Dans ce bulletin 2018, nous poursuivons l’étude de l’origine du nom des rues de Rixheim, commencée en 2017. Benoît Meyer présente la rue de l’Abattoir, dont le nom vient de l’abattoir, construit dans ce secteur, en 1861, sur des plans de l’architecte mulhousien Jean-Baptiste Schacre (1808-1876). Cette nouvelle construction devait permettre la fermeture de l’abattoir situé dans un local du rez-de-chaussée de l’ancienne mairie, juste à côté de l’école, près de la salle d’asile (sur l’actuelle Place Göttke-Krogmann).

Rénové en 1912, l’abattoir, désaffecté en 1945, devenu entrepôt municipal, fut détruit en 1978.

Christian Thoma dresse le portrait de Jacques Ignace Simonis, né à Ammerschwihr le 12 mars 1831. Ce fils de viticulteur se destina à la prêtrise. Ordonné prêtre en 1854, il commença par exercer la fonction d’enseignant (au Collège libre de Colmar, au Grand Séminaire de Strasbourg) puis en 1866, il fut nommé curé à Rixheim, fonction qu’il occupa jusqu’en 1872 où il rejoignit la Congrégation du Très Saint Sauveur à Niederbronn, jusqu’à son décès en 1903.

L’Abbé Simonis, curé de Rixheim de 1866 à 1872, fut député du Reichstag de 1874 à 1898, pour la circonscription de Rappoltsweiler (Ribeauvillé).

Comme dans chaque bulletin, vous retrouverez la rubrique Rixheim hier et aujourd’hui, la présentation de notre excursion annuelle (Haguenau le 14 mai 2017) et un rappel de notre voyage dans le Gers (du 7 au 12 septembre 2017, un voyage organisé conjointement avec l’Association des Amis du Gers de Rixheim et environs, dans le cadre du jumelage, avec le soutien de la Ville de Rixheim).

Divers

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