NOTRE EXCURSION 2017 A HAGUENAU : 3ème PARTIE, LE MUSEE HISTORIQUE

Notre journée de découverte de la ville de Haguenau, l’ancienne « capitale » de la Décapole, s’acheva par la visite du Musée historique, un édifice étonnant construit entre 1900 et 1905, par les architectes allemands Richard Kuder (1852-1912) et Josef Müller (1863- ??). Installés à Strasbourg ils étaient associés depuis 1892 dans le cabinet Kuder & Müller. Le Tribunal d’instance de Mulhouse, construit en 1899, est aussi une réalisation de ces deux architectes allemands.

L'arrière du Musée, un bâtiment mélangeant l'architecture médiévale et les influences de la renaissance.

L’arrière du Musée, un bâtiment mélangeant l’architecture médiévale et les influences de la Renaissance.

En y élevant une tour fortifiée, les architectes Kuder et Müller ont voulu rappeler que Haguenau est née d’un Burg, élevé en 1115 par Frédéric le Borgne, duc de Souabe et père de l’empereur  Hohenstaufen, Frédéric Ier Barberousse. Il faut rappeler qu’en ce début de XXème siècle, Bodo Ebhardt procédait à la rénovation du Haut-Koenigsburg, exemple emblématique de cet engouement pour le Moyen-Age, qui traverse l’Alsace. Cette vogue néo-gothique était encouragée par les autorités impériales, car cet engouement pour le Moyen-Age raccrochait ainsi l’Alsace, redevenue allemande en 1871, à une période où elle était déjà dans le giron germanique, manière de tirer un trait sur les siècles de gouvernance française.

Le Musée avec son imposante tour.

Le Musée avec son imposante tour, photo prise un jour de beau temps, lors de la première visite à Haguenau.

Ce Musée a été construit à l’initiative du maire Xavier Nessel, premier magistrat de Haguenau de 1871 à 1902. Archéologue et collectionneur, il avait décidé de faire don de sa collection à la ville, mais dans un bel écrin, à savoir ce Musée, qui devait aussi accueillir les archives de la ville et la bibliothèque municipale. Ce projet ambitieux s’avéra plus cher que prévu (360 000 Marks en lieu et place des 240 000 Marks initiaux) et la construction d’un cloître et d’une chapelle ne vit jamais le jour.

L'escalier d'accès au Musée est surmonté d'une cérmaique de l'empereur Fréderic Braberousse, réalisé p

L’escalier d’accès au Musée est surmonté des emblèmes de Haguenau (le Burg impérial, entouré de la rose quintefeuille) et de deux oeuvres rendant hommage à l’empereur Frédéric Barberousse, une céramique et une statue.

La statue d’angle représente l’empereur tenant à la main la Charte des Franchises, octroyée à la ville de Haguenau en 1164. Cette sculpture, en grès blanc et en ronde-bosse, est l’oeuvre de l’artiste strasbourgeois Albert Schultz (1871-1953). Par sa présence à l’angle de ce bâtiment à l’allure médiévale, Frédéric Barberousse apparaît comme le protecteur de la ville de Haguenau.

La céramique est l’oeuvre du grand artiste alsacien de cette période néo-gothique, Léo Schnug (1878-1933). Il peignit notamment les fresques du château du Haut-Koenigsburg, dont la rénovation, voulue par Guillaume II fut menée par Bodo Ebhardt (1865-1945). Sur cette céramique, Léo Schnug présente Frédéric Barberousse avec sa cour, dans le château impérial de Haguenau.

Dans l'escalier, Léo Shnug a aussi représenté l'atelier de calligraohie de Diebold Lauber, très célèbre au XV ème siècle.

Léo Schnug a aussi représenté l’atelier de calligraphie du haguenovien Diebold Lauber, très célèbre au XVème siècle, dans tout le secteur rhénan.

Le bâtiment est orné de superbes ferronneries, réalisées par Wilhelm Ehrhardt, serrurier à Haguenau, sur un dessin du ferronier de Karlsruhe, Karl Weiss.

Le bâtiment est orné de superbes ferronneries, réalisées par Wilhelm Ehrhardt, serrurier à Haguenau, sur un dessin du ferronnier de Karlsruhe, Karl Weiss.

Dans le hall du Musée.

Dans le hall du Musée, au style néo-gothique.

Le bacon néo-gothique, avec les armes des Hanu-Lichtenberh, à gauche et celles des Falkenstein, à drroite.

Le balcon néo-gothique, avec les armes des Hanau-Lichtenberg, à gauche, et celles des Falkenstein, à droite.

Dans le hall du Musée, un vitrail évoque le procès du roi d’Angleterre, Richard Coeur de Lion, qui s’est tenu à Haguenau en avril 1193, à son retour de la troisième croisade. Pour venger un affront subi en Palestine, le duc d’Autriche, Léopold, fit arrêter Richard Coeur de Lion, en route vers l’Angleterre. Il fut ensuite livré à l’empereur Henri VI qui le jugea à Haguenau. Malgré l’insistance du roi de France, Philippe-Auguste, qui tenait à ce que le roi d’Angleterre restât enfermée, ce qui facilitait sa conquête de la Normandie anglaise, l’empereur libéra Richard contre le versement d’une forte rançon, de 100 000 marcs d’argent. Le roi d’Angleterre quitta Haguenau en février 1194.

L'empereur henri VI, sur son trône, tenant le sceptre et le globe, va juger Richard Coeur de Lion, reconnaissable aux bannières à léopards.

L’empereur Henri VI, à droite, sur son trône, tenant le sceptre et le globe, va juger Richard Coeur de Lion, reconnaissable tout à droite, sous la bannière aux lions. Au milieu de la scène, sous la bannière aux fleurs de lys, apparait la délégation française envoyée par Philippe-Auguste pour convaincre l’empereur de maintenir le roi Richard en captivité.

Ce vitrail fut réalisé par le verrier d’art strasbourgeois Auguste Schuler d’après les dessins de Léo Schnug.

La partie supérieure du vitrail représente le château impérial de Haguenau.

La partie supérieure du vitrail représente le château impérial de Haguenau : Léo Schnug y a dessiné la rose quintefeuille et un héraut sonnant de la trompette pour annoncer le procès de Richard Coeur de Lion.

On trouve évidemment le portrait de celui qui a voulu ce Musée, Xavier Nessel (1834-1918), maire de Haguenau, de 1871 à 1902. Il fut initié à l’archéologie à l’âge de 23 ans par le baron Maximilien de Ring (1799-1873), historien et archéologue germano-français, qui vint fouiller des sépultures celtiques dans la forêt de Haguenau, en octobre 1831. Xavier Nessel multiplia ensuite les recherches dans la forêt de Haguenau, un domaine qui compte parmi les plus grandes nécropoles préhistoriques d’Europe : on y dénombre 23 secteurs de 8 à 100 tertres ou tumulus,datant de l’âge du bronze (1800 à 750 av J-C) et de l’âge du fer (750-50 av J-C). Il fouilla près de 450 tumulus, effectuant des croquis de ce qu’il découvrait. Et tous les objets qu’il avait découverts ou achetés, il avait décidé d’en faire don à la ville de Haguenau pour qu’ils soient exposés dans ce Musée.

Xavier Nessel (1834- ), maire de Haguenau de 1841 à 1902, qui prgogramma la construction du Musée historique.

Xavier Nessel (1834-1918 ), maire de Haguenau de 1871 à 1902, qui programma la construction du Musée historique.

Le buste du maire Xavier Nessel exposé dans le Musée.

Le buste du maire Xavier Nessel exposé dans le Musée.

Dans ce Musée historique de Haguenau sont donc exposés de nombreux vestiges provenant des tumulus fouillés par Xavier Nessel. Un tumulus ou tertre est une butte circulaire de terre ou de sable, d’environ 15 m de diamètre, élevée au-dessus d’une sépulture. L’existence d’un tumulus témoigne du statut social du défunt et certains tumulus ont pu être réemployés à des époques différentes. Dans les rites funéraires, selon les époques, on pratiquait l’inhumation ou l’incinération. Le fait qu’on trouve dans la tombe du mobilier funéraire, des objets, des bijoux témoigne de la croyance d’une vie après la mort. Lors de ses fouilles, Xavier Nessel n’a retrouvé que les objets métalliques et les céramiques : toutes traces de cercueil en bois, de tissus, d’ossements ont disparu avec le temps, rongées par l’acidité du sol de la forêt de Haguenau.

Des bijoux, des outils, de la céramique trouvés dans les tumulus.

Des bijoux (bracelets, anneaux de jambe), des outils, de la céramique trouvés dans les tumulus.

La tombe d'une femme aisée venant du tumulus de Koenigsbruck et datée du bronze moyen (1550-1350 av J-C). Comme bijoux ,l'archéologue trouva deux épingles à habit, deux bracelets et deux anneaux de jambes. Des offrandes étaient déposés dans la cruche en terre cuite.

La tombe d’une femme aisée, venant du tumulus de Koenigsbruck et datée du bronze moyen (1550-1350 av J-C). Comme bijoux, l’archéologue trouva deux épingles à habit, deux bracelets et deux anneaux de jambes. Des offrandes étaient déposées dans la cruche en terre cuite.

Une cruche à mamelons trouvée à Kirchlach, datée du bronze final (1350-750 av J-C)

Une cruche à mamelons trouvée à Kirchlach, datée du bronze final (1350-750 av J-C).

Le Musée historique de Haguenau présente aussi une collection de faïences provenant de la manufacture Hannong, installée au XVIIIème siècle à Haguenau. Charles-François Hannong, d’origine hollandaise, s’installa à Strasbourg et commença par fabriquer des pipes, en 1710, puis en 1721, il se lança dans la production de faïences. En 1724, il fonda une manufacture de faïences à Haguenau. Les Hannong firent faillite en 1781.

Plat rond à décor chinois produit par Joseph Hannong vers 1770.

Plat rond à décor chinois produit par Joseph Hannong vers 1770.

Dans la salle des faïences, on peut azussi admirer ce superbe poële en faïence à d"écor floral, du milieu du XIXème siècle

Dans la salle des faïences, on peut aussi admirer ce superbe poêle en faïence à décor floral, du milieu du XIXème siècle, fabriqué par Huglin de Strasbourg.

Le Musée présente aussi des objets en verre, créés par les maîtres verriers René Lalique (1860-1945) ou les frères Daum, Augustin (1853-1909) et Antonin (1864-1930), les fondateurs de l’Ecole de Nancy. En 2012 notre excursion nous fit découvrir le Musée Lalique à Wingen-sur-Moder (vous pouvez consulter le compte-rendu de cette excursion 2012 en consultant la rubrique « Excursions« , en allant sur la deuxième page en cliquant sur « older posts« )

Un bouchon de radiateur automobile de René Lalique.

Un bouchon de radiateur automobile de René Lalique.

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Un surtout, un dessus de table « Yéso »,décoré de douze poissons chinois, de René Lalique.

Un vase Daum en verre givré dans une armatur en laiton, décoré de fleurs de lys.

Un vase Daum en verre givré, dans une armature en laiton, décoré de fleurs de lys.

Le Musée expose aussi des oeuvres de peintres régionaux, comme Gustave Stoskopf (1864-1944), originaire de Brumath, ainsi que des céramiques de Léon Elchinger (1871-1942), né dans une famille de potiers de Soufflenheim.

La lecture (1927), de Gustave Stoskopf.

« La lecture » (1927), de Gustave Stoskopf.

"Le messager boiteux " (1935) de Gustave Stoskopf.

« Le messager boiteux  » (1935), de Gustave Stoskopf. Le Messager boiteux est le titre d’un almanach très populaire.

"Tête de Christ" de Léon Elchinger, daté des années 1930. A cette époque, le céramiste de Soufflenheim rélaisa le Chemin de Croix du Mont Saint-Odiel.

« Tête de Christ » de Léon Elchinger, datée des années 1930. A cette époque, le céramiste de Soufflenheim  réalisa le Chemin de Croix du Mont Saint-Odile.

Le Musée rend aussi témoignage de l’importante communauté juive qui vivait à Haguenau.

Les rouleaux de la Torah (la doctrine en hébreu) : les , les

Les rouleaux de la Torah (la doctrine en hébreu) : le Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible avec ses récits historiques et ses prescriptions. La Torah est placée dans l’Arche d’Alliance dans la synagogue.

Sur la photo, on voit aussi le Yad, cette main de lecture qui guide le lecteur sans qu’il touche les textes sacrés. Le mot allemand pour désigner cet objet rituel, souvent en argent, est le Deiter.

Une mizra'h du XVIIIème siècle. Ce petit tableau présent dans toutes les maisons juives indique la direction de Jétruslame

Une mizra’h du XVIIIème siècle. Ce petit tableau, présent dans toutes les maisons juives, était accroché sur le mur Est. Au moment de la prière, on se tournait ainsi vers Jérusalem. On y reconnaît Moïse, à gauche, avec les Tables de la Loi et à droite, le grand prêtre Aaron, qui entourent l’Arche d’Alliance.

Le livre qui mentionne les circoncisions et Raphaël Roos y amis en valeur la première circonscision dans l'Alsace recevnue française, le 31 décembre 1918.

Le livre du Mohel qui mentionne les circoncisions : la première circoncision dans Haguenau redevenue française a eu lieu le 31 décembre 1918 et ce retour à la France est mis en évidence.

Le Musée renferme aussi quelques objets témoins du passé de Haguenau, dont toute une série de bornes.

Le poignard auquel avaient droit les bourgeois de Haguenau et dont la longuer de la lame figure les mesures-étalons de l'eglise Saint-Georges.

Le poignard auquel avaient droit les bourgeois de Haguenau et dont la longueur de la lame figure parmi  les mesures-étalons gravés sur un mur de l’église Saint-Georges.

A gauche, la borne frontière de la forête de Haguenau où la fleur de lys a remplacé l'aigle bicéphale.

A gauche, une  borne frontière de la forêt de Haguenau, de 1698, où la fleur de lys a remplacé l’aigle bicéphale. A droite, la borne entre les biens de l’hospice des pèlerins de l’hôpital de Haguenau et la forêt des Hanau-Lichtenberg. Sur cette borne, on reconnaît la rose quintefeuille de Haguenau, les lettres SP pour Spital (hôpital) et la coquille Saint Jacques, qui rappelle qu’au Moyen-Age, l’hôpital de Haguenau servait d’hospice pour les pèlerins venus d’Allemagne, en route vers Saint Jacques de Compostelle.

 

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